Pakistan : le reporter Azhar-ul Haq Wahid jeté en prison pour des publications sur Facebook
Le journaliste, basé à Lahore, dans l’est du Pakistan, a été placé en détention pour avoir partagé des contenus “anti-étatiques” sur les réseaux sociaux. Compte tenu de l’inconsistance de l’accusation, Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et inconditionnelle.
Il risque trois ans de prison ferme. Interpellé jeudi 16 janvier, Azhar-ul Haq Wahid a été placé en détention provisoire le lendemain, en vertu des sections 11 et 20 de la loi sur les crimes électroniques (Pakistan Electronic Crimes Act, PECA), qui punit notamment les “offenses à la dignité naturelle d’une personne”. Sa demande de libération sous caution, examinée aujourd’hui, lundi 20 janvier, a été rejetée. Il a été renvoyé en détention judiciaire.
Le procès verbal établi par la police de Lahore, dont RSF a pu se procurer une copie, précise que des “contenus anti-étatiques et diffamatoires contre les fonctionnaires et les administrations d’Etat” ont été publiés sur la page Facebook d’Azhar-ul Haq. Pour autant, il n’est pas précisé quel contenu est incriminé. Selon son avocat, le journaliste, qui travaille pour Channel Five et le quotidien Khabrain, serait en réalité puni pour avoir émis des critiques contre le gouvernement et pour avoir commenté la récente annulation de la condamnation à mort par contumace de l’ex-président, Pervez Musharraf.
Avec des formulations très vagues et “attrappe-tout”, la loi PECA, adoptée en 2016, est régulièrement instrumentalisée par les autorités pour faire taire les voix des reporters qui osent franchir les “lignes rouges“ implicites édictées par le pouvoir. Les médias traditionnels étant très largement censurés, les plates-formes en ligne sont devenues, au Pakistan, le seul lieu d’expression de vues alternatives aux récits imposés par le gouvernement.
“L’arrestation d’Azhar-ul Haq Wahid, permise par l’instrumentalisation de la loi PECA, est clairement une nouvelle tentative d'intimidation des journalistes pakistanais qui refusent la censure, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. La décision de le placer en détention est contraire à l’article 19 de la Constitution de 1973, et nous appelons la cour pénale de Lahore à abandonner les charges qui pèsent contre lui et à le libérer immédiatement. Il en va de la crédibilité de l’Etat de droit pakistanais.”
Le Pakistan se situe à la 142e position sur 180 pays dans l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.