Nouvelle vague d’arrestations de journalistes à Saint Louis, aux Etats-Unis
Au moins six journalistes ont été arrêtés cette semaine alors qu’ils couvraient des manifestations à Saint Louis, dans le Missouri. RSF rappelle qu’arrêter des journalistes qui ne font qu’exercer leur profession équivaut à une menace envers la liberté de la presse et demande l’abandon des charges qui pèsent contre eux.
Au moins six journalistes ont été arrêtés à Saint Louis (Missouri) alors qu’ils couvraient, dans la soirée du 3 octobre, des manifestations contre la relaxe d’un ancien policier blanc qui avait abattu un homme noir. Deux semaines auparavant, trois journalistes avaient déjà été interpellés à Saint Louis, lors d’une manifestation similaire.
“RSF est très inquiète de voir que des journalistes sont arrêtés par la police simplement parce qu’ils font leur travail, a déclaré Margaux Ewen, directrice du plaidoyer et de la communication au bureau Amérique du Nord de RSF. En plaçant de manière répétée des journalistes en détention et en faisant peser des charges contre eux, la police de Saint Louis montre un mépris évident envers la liberté de la presse. Nous appelons les autorités locales à respecter le Premier amendement et à abandonner toute charge pesant contre ces journalistes.”
Plusieurs journalistes se sont retrouvés cernés par la police alors qu’ils étaient en train de couvrir une opération de blocage d’autoroute par des manifestants. Un reporter local, Daniel Shular, le chef du bureau de Saint Louis pour le site Internet People’s World, Al Neal, et deux employés du média en ligne The Young Turks (TYT), Jordan Chariton et le cameraman Ty Bayliss, ont tous les quatre été arrêtés en dépit du fait qu’ils aient clairement indiqué être journalistes. Tous portaient des badges presse de façon visible. Al Neal a affirmé qu’après avoir indiqué être journaliste, les policiers lui ont rétorqué “On s’en fout, on t’arrête”, avant de le menotter. Le reporter Daniel Shular a quant à lui déclaré que les officiers de police n’avaient pas été en mesure de lui expliquer pourquoi il était détenu et pourquoi ses caméras avaient été saisies. Tous été maintenus en détention pour une durée allant de 17 à 26 heures.
Le journaliste citoyen Jon Ziegler, connu sous le nom de ‘Rebelutionary Z’, a également été arrêté alors qu’il diffusait une vidéo en direct des arrestations. Les cinq journalistes ont tous été accusés de violation de propriété et sont toujours sous le coup de ces accusations. Jon Zieger qui avait déjà été arrêté le mois dernier est désormais sous le coup de deux accusations.
La journaliste indépendante et fondatrice du site d’information Real STL News, Aminah Ali, a elle aussi été placée en détention mardi et n’a été libérée que mercredi dans la matinée. La teneur des accusations qui pèsent contre elle n’a pour l’heure pas été éclaircie.
Dans une vidéo, le fondateur de TYT, Cenk Uygur, a dénoncé l’attitude de la police. “Des manifestations parfaitement légitimes ont actuellement lieu à Saint Louis. Les manifestants estiment que la population n’est pas traitée de manière juste et nous nous sommes donc rendus sur place pour couvrir ces événements. Cela n’a visiblement pas été du goût de la police. Des personnes présentes sur place ont affirmé que les forces de l’ordre arrêtaient en priorité les personnes avec des caméras. C’est exactement l’inverse de ce qui devrait se passer, la police doit laisser la presse faire son travail.”
Selon le U.S. Press Freedom Tracker, un site internet indépendant, dirigé en partie par RSF, qui répertorie les violations en matière de liberté de la presse aux Etats-Unis, 31 journalistes ont été arrêtés depuis début 2017. La majorité de ces arrestations a eu lieu au cours de manifestations et 10 d’entre elles sont survenues à Saint Louis.
Ces dernières années, RSF a par ailleurs dénoncé plusieurs arrestations de journalistes aux Etats-Unis alors qu’ils couvraient des manifestations, souvent liées au mouvement #BlackLivesMatter. En 2014, un nombre important de ces arrestations a eu lieu dans le seul Etat du Missouri.
Les Etats-Unis sont classés 43e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse pour 2017 établi par RSF, après avoir chuté de deux places l’année dernière.