Mexique: un journaliste sous protection de l’État abattu au Veracruz
Le journaliste Pedro Tamayo Rosas a été abattu devant sa femme et ses deux enfants, le 20 juillet 2016, à Tierra Blanca, dans l’État du Veracruz, bien qu’il ait été placé sous la protection de l’État depuis les menaces qui l’avaient visé en janvier 2016.
Le journaliste Pedro Tamayo Rosas, 43 ans, qui travaillait pour les quotidiens Al Calor Politico et Piñero de la Cuenca a été assassiné devant son domicile, le 20 juillet 2016, dans la municipalité de Tierra Blanca, État du Veracruz, situé à l’est du Mexique. Sa femme et ses enfants étaient présents quand deux inconnus ont ouvert le feu contre le reporter. Le 25 janvier dernier, Pedro Tamayo Rosas avait quitté Tierra Blanca vers l’État d’Oaxaca, après avoir reçu des menaces. Il a été ensuite placé sous la protection de la Commission d’attention et protection aux journalistes du Veracruz, qui a arrangé son déplacement à Tijuana, au nord-ouest du pays. Après avoir passé plusieurs mois caché, Pedro Tamayo Rosas aurait décidé de rentrer à Tierra Blanca.
La protection donnée par l’Etat consistait en une patrouille de la police locale qui faisait des rondes régulièrement autour du domicile du journaliste. Cependant, selon la famille, les assaillants se sont échappés tranquillement alors que la police, qui se trouvait à une dizaine de mètres de la scène du crime, est restée inactive, et aurait en outre retardé l’arrivée de l’ambulance en communiquant à deux reprises une mauvaise adresse.
“Reporters sans frontières exhorte les autorités à enquêter exhaustivement sur l’assassinat de Pedro Tamayo Rosas, en privilégiant la piste professionnelle, a déclaré Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amérique Latine de l’organisation. La violence généralisée contre la presse au Mexique, et en particulier au Veracruz, est accablante. Même sous la protection de l’État, les journalistes se font tuer. Comment est-il possible pour les journalistes de continuer d’informer localement sur des sujets sensibles dans des telles conditions?”
Pedro Tamayo Rosas écrivait sur des thèmes liés à la criminalité locale et tenait la page Facebook En la linea de fuego, los riesgos de la noticia (Dans la ligne de tir, les risques de l’information).
Il est le troisième journaliste assassiné au Veracruz depuis le début de l’année, après les meurtres d’Anabel Flores, en février, et Manuel Torres González, en mai. Trois mois après l’assassinat de Flores, suite à l’arrestation d’un suspect, le procureur de l’État a confirmé qu’elle a été tuée à cause de ses reportages qui ont dérangé un groupe criminel de la région. Le Veracruz est renommé pour être le plus dangereux du pays pour les journalistes où, depuis 2010, au moins 17 professionnels ont été assassinés.
Le Mexique est 149e sur 180 pays au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF en 2016.