Libération d’Igor Roudnikov : “il est possible d’obtenir des victoires en Russie”
Reporters sans frontières (RSF) se réjouit de la libération du journaliste russe Igor Roudnikov ce 17 juin. L’organisation demande une enquête impartiale sur la persécution dont il a été victime, et appelle à poursuivre la mobilisation pour les six autres journalistes emprisonnés en Russie.
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C’est une rare succession de bonnes nouvelles : six jours après la libération du journaliste d’investigation Ivan Golounov, son confrère de Kaliningrad Igor Roudnikov sort à son tour de prison. Un tribunal de Saint-Pétersbourg a reconnu ce 17 juin 2019 l’inanité des accusations “d’extorsion de fonds” portées contre lui, requalifiées en “tentative d’abus de pouvoir”. Condamné à une peine de travaux d’intérêt général, largement inférieure aux 20 mois déjà passés en détention provisoire, le journaliste a été remis en liberté.
“Nous sommes profondément soulagés qu’Igor Roudnikov retrouve la liberté, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Ceux qui lui ont fait vivre ce calvaire doivent désormais répondre de leurs actes : roué de coups, dépouillé de son journal, Igor Roudnikov a été victime d’une implacable soif de vengeance. Sa libération confirme néanmoins qu’il est possible d’obtenir des victoires en Russie : la mobilisation doit se poursuivre pour les six autres journalistes qui restent emprisonnés.”
Igor Roudnikov est réputé dans la région de Kaliningrad (Nord-Ouest) pour ses investigations sans concession, qui lui ont déjà coûté deux tentatives de meurtre et de nombreuses poursuites judiciaires. Il a été jeté en prison le 1er novembre 2017 : sans aucune preuve, l’un des plus hauts responsables des forces de l’ordre de Kaliningrad, le général Viktor Ledenev, l’accusait de le faire chanter. Igor Roudnikov lui attribuait des propriétés immobilières non déclarées. Harcelé de toutes parts, l’hebdomadaire dont il était rédacteur en chef, Novye Kolesa, a été contraint de mettre la clef sous la porte. C’était le principal titre indépendant de la région.
Igor Roudnikov était défendu par les avocats du Centre de Défense des droits des médias (MMDC), Toumas Misakian et Anna Panitcheva.
La Russie occupe la 149e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019, publié par RSF.