Le ministre britannique de l’Intérieur donne son feu vert à l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis
Reporters sans frontières (RSF) exprime sa très vive inquiétude après la signature par le ministre britannique de l’Intérieur, Sajid Javid, de la demande d’extradition vers les Etats-Unis du fondateur de Wikileaks Julian Assange. Cette décision ouvre la voie à l’examen de cette demande par le tribunal. RSF renouvelle son appel à toutes les autorités compétentes de donner la priorité à la protection du rôle du journalisme et notamment aux sources journalistiques dans le traitement réservé à Julian Assange.
Le ministre britannique de l’Intérieur Sajid Javid a signé, le 13 juin, la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange vers les Etats-Unis, où il fait face à 18 chefs d’accusation pour avoir obtenu, reçu et divulgué des informations confidentielles. Le dossier américain porte sur le rôle d’Assange dans la fuite de milliers de documents classifiés initiée par l’ex-analyste du renseignement de l’armée américaine Chelsea Manning. RSF exprime sa plus vive inquiétude quant aux implications de cette affaire, soulignant la fréquente utilisation de l’”Espionage Act” contre les sources journalistiques. Julian Assange risque jusqu’à 10 ans de prison pour chaque chef d’accusation.
« Nous sommes extrêmement déçus par la décision de Sajid Javid de signer cette demande d’extradition, qui pourrait autoriser le gouvernement américain à traduire en justice Julian Assange pour des activités liées à la pratique du journalisme. Cette décision est très préoccupantes et contraste fortement avec la priorité accordée à la liberté de la presse annoncée par le gouvernement britannique dans le cadre de la campagne mondiale du Bureau des affaires étrangères et du Commonwealth sur la liberté des médias », déclare Rebecca Vincent, directrice du Bureau UK de RSF.
RSF exhorte le gouvernement britannique de donner priorité aux principes de liberté d’expression et de protection du rôle du journalisme, et notamment des sources journalistiques, dans le traitement réservé à Julian Assange, qui purge actuellement une peine d’emprisonnement de 50 semaines au Royaume-Uni pour violation de sa liberté conditionnelle en 2012.
A la suite de sa visite à Assange en prison le 9 mai, le rapporteur spécial de l’ONU Nils Melzer a exprimé, le 31 mai, sa profonde inquiétude sur la santé d’Assange, déclarant qu’il « avait été délibérément exposé, sur une période de plusieurs années, à des formes de plus en plus sévères de punitions ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont les effets cumulés ne peuvent être décrits que comme des tortures psychologiques ». Il a ajouté qu’il déplorait sincèrement « les échecs constants de tous les gouvernements impliqués à prendre des mesures pour la protection de ses droits humains les plus fondamentaux et de sa dignité ».
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis occupent respectivement le 33e et le 48e rang dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019 établi par RSF.