Kazakhstan : le journaliste Loukpan Akhmediarov harcelé par les autorités après avoir enquêté sur un scandale foncier

Le reporter est accusé d’avoir divulgué des informations confidentielles et risque jusqu’à deux ans de prison. Reporters sans frontières (RSF) demande l’arrêt complet des poursuites à son encontre.

C’est la troisième fois en une semaine que le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Ouralskaïa Nedelia, Loukpan Akhmediarov, est convoqué et amené au poste de police au Kazakhstan. Il fait l’objet d’une enquête pour divulgation d’informations “sur une procédure préliminaire ou un procès à huis clos”, après la publication d’un article, le 27 novembre, sur une affaire de corruption dans la ville d’Oural, dans l’est du pays. Interrogé une première fois le 1er février, le journaliste a refusé de divulguer ses sources et risque jusqu’à deux ans de prison. Durant son interrogatoire, Loukpan Akhmediarov a rappelé que la loi sur les poursuites pour divulgation d’informations ne peut s’appliquer que si l'accusé reçoit préalablement une mise en garde du procureur, ce qui selon lui n’a pas été le cas. 


Deux jours plus tard, le 3 février au matin, le journaliste a de nouveau été interpellé, alors qu’il était en route vers la ville d’Atyraou (Est) pour couvrir une autre affaire. Sorti de force de sa voiture par des policiers, il a été amené au commissariat où il a été détenu durant près de trois heures. Les deux reporters qui l’accompagnaient ont également été arrêtés.  


Après cette nouvelle interpellation, Loukpan Akhmediarov a déclaré que la police faisait obstruction à son travail. Le journaliste s’est ensuite filmé devant le commissariat avec une pancarte où il était inscrit “Police ou Gestapo?”. Une action qui lui a valu d’être amené une troisième fois au poste où il a été inculpé pour "violation des règles pour l'amélioration des territoires des villes et villages”. Le reporter est une nouvelle fois convoqué au commissariat le 5 février.  


Les convocations multiples dont fait l’objet Loukpan Akhmediarov l’empêchent ostensiblement d’exercer son travail journalistique et relèvent du harcèlement, dénonce la responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. RSF rejoint l’appel des médias indépendants du Kazakhstan et demande l’arrêt des poursuites contre le rédacteur en chef d’Ouralskaïa Nedelia. L’organisation enjoint également les forces de l’ordre à cesser toute entrave au travail du journaliste.


Ce n’est pas la première fois que les reporters de l’hebdomadaire sont harcelés par les autorités du pays. Le 10 janvier dernier, jour des élections législatives, plusieurs d’entre eux avaient été suivis par la police tout au long de la journée.


Après 30 ans de pouvoir sans partage, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a démissionné le 20 mars 2019, cédant sa place à Kassym-Jomart Tokaïev, qui se présente comme un réformateur. Le Kazakhstan occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 05.02.2021