Iran : Narges Mohammadi, la voix des victimes de la répression iranienne, de nouveau en prison
La journaliste et défenseure des droits humains Narges Mohammadi a été violemment arrêtée le 16 novembre, lors de la commémoration d’une des victimes du deuxième anniversaire de la répression sanglante de novembre 2019 qui a fait plus d’un millier de victimes.
Elle aura profité d’à peine un an de liberté. Connue pour ses écrits et ses actions en faveur des droits humains en Iran, Narges Mohammadi, est retournée en prison, d’où elle était ressortie le 8 octobre 2020 après plus de cinq ans derrière les barreaux.
Pendant sa précédente détention, la reporter et porte-parole du Centre des défenseurs des droits humains avait été passée à tabac et avait été la cible d’un déferlement de violences de la part du directeur de la prison d’Evin et de plusieurs gardiens, alors qu’elle protestait contre son transfert dans l’établissement de Zanjan, à 300 km de Téhéran.
Après sa sortie de prison, Narges Mohammadi a continué d’être l’objet d’un véritable harcèlement judiciaire : elle a été arrêtée au moins huit fois en un an, en raison, notamment, de son engagement auprès des familles de prisonniers d’opinion et de journalistes iraniens. Le 26 septembre dernier, elle avait annoncé sur sa page Instagram la confirmation de sa condamnation à deux ans et demi de prison ferme, 80 coups de fouet et une amende pour “propagande contre le régime via de la publication des fausses informations, et insultes envers des responsables du régime”, notamment le directeur de la prison d'Evin.
Son époux, Taghi Rahmani, contacté par RSF, a pu la joindre par téléphone très brièvement le lendemain de son arrestation. Narges a eu le temps de dire : « Je me trouve dans la section de sécurité 2A de la prison d'Evin (nldr : sous le contrôle des Gardiens de la révolution) et ils m’ont annoncé je devais purger 30 mois de prison ferme et 80 coups de fouet, tant que je serai vivante, je ne me laisserai pas flageller…. » avant que son appel ne soit coupé. ”
Les coups de fouet comme l’isolement sont une forme de torture que Narges a dénoncé au coté de familles de victimes pour la justice et c’est pour cela qu’elle se trouve aujourd’hui “à l’isolement en attendant des coups de fouet”, selon son mari, qui est exilé en France depuis 2012 avec ses deux enfants.
Le 17 novembre 2021, la troisième commission onusienne, spécialisée dans les droits humains, a condamné une nouvelle fois le 26 novembre 2021, la république islamique d’Iran pour atteinte flagrante aux droits humains en Iran, notamment pour cette répression sanglante « en utilisant les armes de guerre » selon le rapporteur spécial de l’Onu sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Javaid Rehman.
La république islamique d’Iran figure à la 174e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.