Exilé en Russie, le journaliste Ali Ferouz ne doit pas être renvoyé en Ouzbékistan
Actualisation : Le 8 août 2017, la cour d’appel de Moscou a gelé l’expulsion d’Ali Ferouz vers l’Ouzbékistan mais ordonné son maintien en rétention. Cette décision, qui fait suite à une intervention urgente de la Cour européenne des droits de l’homme, sera valable jusqu’à ce que la CEDH se prononce sur le fond de l’affaire. Ce qui pourrait prendre plus d’un an.
“Nous sommes soulagés de voir s’éloigner la perspective d’un renvoi d’Ali Ferouz en Ouzbékistan et nous remercions la CEDH pour son intervention, réagit Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Mais le journaliste n’a gagné qu’un sursis et il pourrait rester longtemps privé de liberté. Nous appelons de nouveau les autorités russes à le libérer au plus vite, à lui octroyer l’asile ou à défaut, à le laisser rejoindre un autre pays où il pourra trouver refuge.”
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02.08.2017 - Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités russes à ne pas expulser le journaliste indépendant ouzbek Ali Ferouz, réfugié à Moscou. Arrêté le 1er août 2017, il a aussitôt été présenté à un tribunal, qui a ordonné son renvoi vers l’Ouzbékistan.
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Khoudoberdi Nourmatov (Ali Ferouz de son nom de plume) pensait avoir trouvé une terre d’asile en Russie. Mais le 1er août, un tribunal de Moscou a ordonné son expulsion vers l’Ouzbékistan. Un pays qui occupe la 169e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse.
Ali Ferouz a été placé dans un centre de rétention. Le juge a rendu sa décision le jour même de l’arrestation du journaliste, vers 23 heures, soit après l’heure légale de fermeture des tribunaux. Un zèle étonnant, voire suspect. L’avocat du journaliste a rapporté que ce dernier avait tenté de mettre fin à ses jours au terme de l’audience.
“Ali Ferouz ne doit pas être renvoyé en Ouzbékistan ! proteste Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Il serait en grand danger s’il était expulsé vers ce pays qui criminalise le journalisme indépendant et fait un usage systématique de la torture. Nous exhortons les autorités russes à revenir sur leur décision en appel et à remettre le journaliste en liberté sans délai.”
Dépourvu de passeport depuis quelques années, Ali Ferouz avait été interpellé une première fois en mars pour “séjour irrégulier” sur le territoire russe. Sa qualité de demandeur d’asile suffisait pourtant à justifier légalement sa présence en Russie. Ali Ferouz a fui l’Ouzbékistan en 2009 pour échapper aux pressions grandissantes des services secrets locaux. Sa mère vit en Russie, dont elle possède la nationalité. La demande d’asile du journaliste a finalement été rejetée en mai, une décision contre laquelle le journaliste a introduit un recours.
Après avoir collaboré avec diverses organisations de défense des droits de l’homme, Ali Ferouz travaille depuis plus d’un an pour le journal indépendant russe de référence Novaïa Gazeta. Il est l’auteur de nombreux articles sur la politique intérieure ouzbèke et sur les conditions de vie déplorables des migrants d’Asie centrale vivant dans la capitale russe.
Les autorités ouzbèkes exercent un monopole absolu sur l’information et les journalistes indépendants qui persistent à faire leur travail s’exposent aux pires représailles. De nombreux rapports ont documenté l’usage généralisé de la torture dans les prisons ouzbèkes.
Moscou et Tachkent sont liés par des accords de coopération sécuritaire qu’ils font régulièrement primer sur le droit international humanitaire. Ces dernières années, plusieurs demandeurs d’asile ouzbeks, voire même des réfugiés statutaires, ont disparu à Moscou pour réapparaître quelque temps plus tard dans des geôles ouzbèkes.