Etat d’urgence sanitaire au Libéria : RSF dénonce les menaces du procureur général contre la presse
Le procureur général du Libéria menace de suspendre tout organe de presse accusé de publier des fake news pendant l’état d’urgence instauré pour combattre l’épidémie de Covid-19. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète d’une menace aux contours vagues, dont la mise en exécution pourrait conduire à des restrictions illégitimes et disproportionnées de la liberté d’informer.
Le procureur général du Libéria, Sayma Syrenius Cephas, a menacé de saisir le matériel, de fermer et poursuivre tout organe de presse accusé de publier des “fake news” pendant l’état d’urgence instauré pour combattre le Covid-19 dans le pays. ‘’Il n'y aura plus d'avertissement “ a t-il encore prévenu le 29 avril dernier lors d’une conférence de presse avant de préciser que les équipements saisis seront gardés et les licences suspendues “jusqu'à la fin de la pandémie’’.
Le procureur général a par ailleurs accusé certains organes de presse d’utiliser leurs plateformes pour diffuser des ‘’fake news" et entraver les efforts du gouvernement dans la lutte contre le Covid-19. Il a également averti que les individus ‘’propageant des mensonges via les réseaux sociaux, y compris Facebook, seront traqués et poursuivis pendant l'état d'urgence’’.
Citant la constitution libérienne, le procureur a rappelé qu’un état d'urgence avait été instauré “en vertu de l'article 87 [de la Constitution libérienne] qui suspend tous les droits fondamentaux...", ce qui signifie selon lui que les droits à la liberté d'expression et de réunion sont restreints.
‘’Une crise sanitaire ne peut justifier une restriction du droit à l’information. Au contraire, lutter contre une épidémie nécessite que les citoyens soient correctement et largement informés”, déclare Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’ouest de RSF qui s’inquiète de menaces aux contours vagues : “Qui va décider de ce qui est “fake news” et ce qui ne l’est pas ?’ La lutte contre la diffusion des fausses information ne doit pas servir de prétexte pour persécuter les journalistes et censurer les organes de presse qui dérangent.”
Cette menace a été brandie après la diffusion de rumeurs selon lesquelles le président George Weah avait été testé positif au Covid-19. L’information s’est propagée de façon virale sur Facebook, quelques jours après que plusieurs hauts fonctionnaires du gouvernement ont été testés positif. Parmi eux, les ministres de l'Information et de la Justice qui avaient récemment été en contact avec le président Weah.
Le Liberia occupe la 95e place sur 180 pays du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.