En exil aux Etats-Unis, le journaliste mexicain Emilio Gutiérrez Soto évite de justesse l'expulsion

RSF dénonce la tentative des autorités américaines, ce jeudi 7 décembre, d’expulser de leur territoire le journaliste mexicain Emilio Gutiérrez Soto, en exil depuis près de 10 ans aux Etats-Unis et en attente d’obtenir le statut de réfugié.

Ce jeudi 7 décembre 2017, les autorités de l’immigration américaine ont tenté de reconduire au Mexique le journaliste Emilio Gutiérrez Soto, exilé aux Etats-Unis depuis 2008 après avoir reçu des menaces de mort dans son pays, en lien avec son activité de journaliste.


Des agents de la police douanière l’ont arrêté à son domicile, menotté et emmené, en compagnie de son fils de 24 ans, en direction de la frontière. Il aura fallu un appel en urgence du ‘Board of Immigration Appeals (BIA)’, le comité en charge d’analyser les demandes de statut de réfugié, dont celle d’Emilio, pour empêcher qu’il ne soit réellement expulsé du territoire américain. La police douanière a cependant refusé de libérer Emilio et son fils, et les ont conduits dans le centre de détention de Sierra Blanca, à 1h30 d’El Paso (Texas), où ils se trouvent actuellement en compagnie de leur avocat.


“Dans l’attente de la décision finale du BIA, nous demandons aux autorités américaines d’accorder la liberté conditionnelle à Emilio Gutiérrez Soto”, déclare Margaux Ewen, directrice du Bureau Amérique du Nord de l’organisation.


Emilio doit par ailleurs obtenir le statut de réfugié; un retour au Mexique, pays structurellement violent où les journalistes sont régulièrement pris pour cible, est pour lui inenvisageable et serait irresponsable”, ajoute Emmanuel Colombié, du bureau Amérique latine de RSF.


La région d’El Paso est un très mauvais souvenir pour Emilio. Cet ancien correspondant du quotidien mexicain El Diario (État de Chihuahua, Nord) avait dû fuir son pays le 15 juin 2008, après avoir reçu des menaces de mort attribuées à des militaires. Un mois plus tôt, une cinquantaine de soldats avaient mené en pleine nuit une perquisition à son domicile, en toute illégalité.


Emilio avait dû passer sept mois en détention à El Paso (Texas) sous la surveillance des services d'immigration, avant d’être remis en liberté le 29 janvier 2009. Il avait alors demandé le statut de réfugié aux Etats-Unis, et avait obtenu une première audience en 2016, après 8 ans d’attente. Les premières conclusions de cette audience ne sont toujours pas connues.


Avec pas moins de 11 assassinats en 2017, le Mexique est cette année le deuxième pays le plus meurtrier du monde pour les journalistes après la Syrie. Lors d’une visite officielle du 27 novembre au 4 décembre 2017, à laquelle RSF a été largement associée, les Rapporteurs spéciaux pour la liberté d’expression des Nations unies (ONU) et de l’Organisation des Etats américains (OEA-CIDH), David Kaye et Edison Lanza, ont fait part de leur grande préoccupation sur ce niveau de violence, et demandé aux autorités mexicaines de “redoubler d’efforts” pour renforcer la protection des journalistes dans le pays.


Les Etats-Unis ont perdu en un an, deux places au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, se situant à la 43e place en 2017. le Mexique est classé au 147ème rang.

Publié le
Updated on 08.12.2017