Coronavirus: RSF appelle le Salvador à cesser d’entraver le travail des journalistes
Alors que les entraves à l’exercice du journalisme se multiplient au Salvador, RSF appelle les autorités à faire preuve de plus de transparence et à laisser les journalistes faire leur travail d’information sur la pandémie de coronavirus.
Dans un décret signé le 30 mars 2020 par le président Nayib Bukele, les autorités salvadoriennes ont refusé de considérer les journalistes comme une catégorie professionnelle exemptée de confinement. Il aura fallu la pression des organes représentatifs de la presse et de la société civile pour que le gouvernement revienne sur cette décision le 2 mars et garantisse, dans un nouveau décret, la libre circulation des journalistes pour couvrir la crise sanitaire.
Plusieurs organisations locales de défense des droits humains, dont l’association des journalistes salvadoriens (APES) ont dénoncé plusieurs entraves au travail de la presse lors des dernières semaines : confiscation de matériel journalistique par les forces de l'ordre, interdiction d’accès à des espaces publics et manque de transparence dans l’accès aux informations publiques.
Le représentant du Parquet spécial en charge des droits de l’Homme José Apolonio Tobar a de son côté dénoncé le 2 avril plusieurs cas de destruction par la police d’équipements appartenant à des journalistes, le refus des fonctionnaires de la présidence de répondre aux questions sur le coronavirus lors des conférences de presse, et l’interdiction d’interviewer les représentants de l’Etat sur le sujet.
“La crise sanitaire ne peut en aucun cas être un prétexte pour entraver le travail des journalistes, bien au contraire, rappelle Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de Reporters sans frontières (RSF). Les autorités du Salvador doivent impérativement garantir le libre exercice de la profession, dans une période ou le travail de la presse et la transparence n’ont jamais été aussi nécessaires et vitaux pour la société.”
Les journalistes et médias du pays ont par ailleurs signalé ne pas pouvoir obtenir d’informations des professionnels de santé sur les difficultés d’approvisionnement en matériel de protection ni de chiffres fiables sur le nombre officiel de cas de contaminations et de décès liés au virus dans le pays.
Le Salvador est à la 81ème position sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2019.