Bulgarie : RSF propose au Premier ministre une feuille de route pour "la croissance de la liberté de la presse"
Lors d’un entretien à Sofia le 3 décembre 2019, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a demandé au Premier ministre bulgare Boïko Borissov de prendre des mesures ambitieuses pour améliorer la place du pays au Classement mondial de la liberté de la presse. La Bulgarie, qui était classée 35ème en 2006, figurait à la 111ème place en 2019, soit la pire place pour un pays de l’Union européenne.
A l’issue de l’entretien, le secrétaire général de RSF a exprimé son espoir d’une amélioration : “Le Premier ministre est fier de ses résultats en matière de croissance économique, il est de sa responsabilité de travailler également à la croissance de la liberté de la presse." Christophe Deloire a demandé à Boïko Borissov de prendre des engagements publics forts pour qu’il soit mis fin au harcèlement des médias et des journalistes critiques.
RSF propose de formuler une ébauche de “feuille de route” qui permette des avancées structurelles pour assurer la liberté, l’indépendance et le pluralisme du journalisme, et plus largement la fiabilité de l’information. RSF a suggéré l’adoption d’un cadre légal qui favorise de manière structurelle le pluralisme de la presse, l’indépendance éditoriale du journalisme et qui prohibe les conflits d’intérêt et l’instrumentalisation politique. Le Premier ministre a exprimé son intérêt pour une telle feuille de route.
Le 24 octobre, le Premier ministre bulgare avait annoncé avant le Conseil des ministres qu’il était attentif aux recommandations de RSF et qu’à ce titre la mesure qui pouvait être prise concernait la réforme de la distribution de la presse, pouvant être confiée à la poste pour éviter qu’elle soit gérée par des sociétés privées... Ladite mesure n’aura de sens que si des journaux très divers ont accès au réseau de distribution et sont effectivement proposés sur les points de vente. RSF a proposé au Premier ministre de prendre une initiative pour l’adoption d’un cadre légal qui favorise de manière structurelle le pluralisme de la presse, l’indépendance éditoriale du journalisme et qui prohibe les conflits d’intérêt et l’instrumentalisation politique.
La délégation de RSF, composée également de Pauline Adès-Mével, responsable du bureau Union européenne de l’organisation, a évoqué la situation générale de la liberté de la presse en Bulgarie : absence d’indépendance des médias publics, pressions des autorités, instrumentalisation politique des médias par certains propriétaires, défaut de transparence sur la propriété des médias, harcèlement judiciaire contre des groupes de médias, attaques physiques contre les journalistes.
L’organisation a déploré des "décisions regrettables" récentes, parmi lesquelles le soutien à la nomination d’un procureur général qui s’est tristement illustré par des propos vindicatifs à l’encontre des journalistes, et la nomination d’un nouveau directeur général de la télévision publique qui a licencié des journalistes considérés comme trop indépendants. La crise à la radio publique BNR a également été évoquée.
Signataire du Partenariat international sur l’information et la démocratie en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, la Bulgarie doit respecter la lettre et l’esprit de ce texte qui porte sur l’espace digital de l’information et de la communication. L’Initiative sur l’information et la démocratie a été initiée par RSF. Le président bulgare Rumen Radev avait accordé un entretien à RSF le 17 octobre dernier. L’organisation avait notamment dénoncé "l’instauration volontaire d’un climat de guerre civile médiatique."