Brésil: le harcèlement d’une journaliste encouragé par l'un des fils du président, “une attitude indigne et incendiaire” selon RSF
Une célèbre journaliste brésilienne est la cible d’une violente campagne de harcèlement qui a été alimentée et relayée par des députés fédéraux, dont l’un des fils du président Bolsonaro. Reporters sans Frontières (RSF) dénonce avec la plus grande fermeté l’attitude inacceptable et irresponsable de ces responsables politiques.
C’est elle qui a révélé le scandale #Caixa2doBolsonaro, impliquant le parti du président brésilien. L’enquête de la journaliste Patricia Campos Mello publiée en octobre 2018 dans l’un des plus importants quotidiens du pays, le Folha de São Paulo, expliquait comment le président Jair Bolsonaro aurait bénéficié de fonds privés illégaux pour financer des campagnes de désinformation et influencer l’électorat brésilien dans le cadre de la dernière élection présidentielle. Ces révélations avaient values à la journaliste et son journal d’être la cible d’une violente campagne d’insultes et de menaces de la part des partisans de Jair Bolsonaro.
Suite à ces révélations, la Commission parlementaire contre les Fake-News (CPMI) du Congrès brésilien a auditionné ce 11 février le témoin Hans Nascimento; employé d'une des entreprises de marketing digital suspectée d'avoir participé à l’envoi massif de faux messages sur WhatsApp. Ce dernier a assuré que la journaliste avait tenté de lui soutirer des informations en échange de faveurs sexuelles.
Bien qu’immédiatement démenties par la journaliste et la rédaction de Folha de São Paulo, ces affirmations ont été relayées par des élus fédéraux, dont le député Eduardo Bolsonaro. Devant l’hémicycle, le fils du président a même déclaré ne pas douter que “Mme Patrícia Campos Mello, comme l’affirme M. Hans, aie pu offrir des faveurs sexuelles en échange d’informations, afin de nuire à la campagne du président Jair Bolsonaro”. Critiqué pour sa prise de position, le député a expliqué qu’il s’était contenté de relayer un témoignage public, et a poursuivi ses insinuations sur son compte Twitter, suivi par près de 2 millions d’abonnés. Ces insinuations ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux et ont généré un déferlement de menaces et d’insultes sexistes et misogynes contre Patricia Campos Mello.
“L’attitude incendiaire du député Eduardo Bolsonaro, dont les prises de position ont volontairement généré une nouvelle campagne de harcèlement contre Patricia Campos Mello est totalement indigne et inacceptable, déclare le directeur du bureau Amérique latine de RSF, Emmanuel Colombié. RSF apporte tout son soutien à la journaliste de Folha de São Paulo, et rappelle qu’au Brésil comme ailleurs, les élus de la République ont la responsabilité de promouvoir l’importance de la liberté de la presse. ”
Le Brésil se place à la 105e position du Classement mondial de la liberté de la presse 2019 élaboré par Reporters sans frontières.