7 journalistes tués dans l’exercice de leur métier à Gaza et au Liban en 7 jours : la “semaine sanglante” du journalisme au Proche-Orient
Avant la mort du journaliste de l’agence de presse Reuters à la frontière sud du Liban, six reporters avaient été tués lors des bombardements israéliens sur Gaza, sans compter ceux qui ont été tués en dehors de leur travail au cours de cette semaine sanglante.
Ce samedi 14 octobre, le reporter Issam Abdallah est inhumé dans la ville de El Khayam, au Liban, là où il est né et a grandi. Le vidéaste a été tué, la veille en fin de journée, alors qu’il était en reportage pour l’agence de presse britannique Reuters avec plusieurs collègues. Le groupe de journalistes, clairement identifiable, selon plusieurs sources, était posté à proximité de Alma al Chaab, au sud du Liban à la frontière avec Israël, pour couvrir les affrontements entre les forces militaires israéliennes et celles du groupe armé du Hezbollah au Liban. Il a été touché, selon les professionnels de l’information sur place, par un tir de roquette israélien lors de bombardements transfrontaliers. L’armée israélienne a déclaré être “très désolée pour sa mort” et qu’elle était en train de faire “des vérifications”.
Au total, en une semaine, environ 10 journalistes ont été tués dans la région, dont 7 à Gaza et au Liban sous les bombardements et les tirs israéliens alors qu'ils étaient dans l'exercice de leur métier : des photojournalistes, tels Mohammed Soboh de l’agence de presse palestinienne Khabar, Hisham al-Nawajha, de la chaîne d’information palestinienne indépendante Al Khamissa, Ibrahim Lafi de la société de production Ain Media, Mohammad al-Salihi de l’agence de presse palestinienne al-Sulta al-Rabia ainsi que le rédacteur en chef de Al Khamissa Saïd al-Tawil, et Mohammed Abou Matar correspondant pour Roya News.
“Nous sommes sidérés par ce triste record de 7 journalistes tués en 7 jours au cours de cette semaine sanglante, du fait de la réponse indiscriminée d’Israël à l’horrible massacre commis par le Hamas. Nous demandons solennellement aux autorités israéliennes de mettre fin à des pratiques militaires attentatoires au droit international qui entraînent la mort de civils, parmi lesquels les journalistes. RSF appelle les parties impliquées à mettre en oeuvre leurs obligations sur la protection des journalistes lors de conflits et les institutions internationales à faire respecter ces mesures de protection.
Le journaliste Issam Abdallah, âgé de 37 ans, était salarié de Reuters à Beyrouth depuis 16 ans. Vidéaste aguerri des zones de tensions, il a couvert le conflit en Ukraine ces derniers mois et, en 2020, l’explosion du port de Beyrouth. Sur sa dernière photo postée sur son compte Instagram le 7 octobre dernier, le reporter rendait hommage à Shireen Abu Akleh, une consoeur du média Al Jazeera, correspondante en Palestine, tuée en mai 2022 alors qu’elle couvrait un raid de l’armée israélienne à Jénine en Cisjordanie.
Six autres journalistes ont été blessés ce vendredi 13 octobre : deux membres de l’équipe de Reuters, Thaer Al-Sudani et Maher Nazeh, un journaliste reporter d’image (Dylan Collins) et une photographe (Christina Assi) de l’Agence France Presse (AFP), ainsi que deux journalistes de la chaîne de télévision qatari Al Jazeera- Carmen Jokhadar et le cameraman Elie Barkhya. Ils ont été transportés à l’hôpital de l’université américaine de Beyrouth. Leurs vies sont hors de danger, mais à ce jour, Christina Assi est toujours en soins intensifs.