États-Unis : RSF condamne les menaces de Donald Trump d’emprisonner des journalistes s’il obtenait un second mandat
Les nouvelles menaces de Donald Trump contre la presse américaine doivent être prises au sérieux selon Reporters sans frontières (RSF) qui estime nécessaire l’adoption d’une loi fédérale sur le bouclier de la presse est nécessaire pour protéger le caractère sacré des sources journalistiques.
Comment l’ex-président Donald Trump pourrait-il contourner le premier amendement et emprisonner des journalistes s’il accédait une nouvelle fois à la Maison-Blanche ? Selon le magazine Rolling Stone, Donald Trump a travaillé, en privé, avec des conseillers, sur la forme que prendrait un éventuel second mandat, qui débuterait en 2025 et “a commencé à solliciter des alliés conservateurs pour imaginer comment le gouvernement américain et le département de la Justice pourraient faire de ses désirs – jeter un grand nombre de journalistes en prison – une réalité ».
Donald Trump a émis le même genre de menace en public lors d’un rassemblement qui s’est tenu le 7 novembre dernier, à la veille des élections de mi-mandat, en parlant d’emprisonner des journalistes qui refuseraient de dévoiler leurs sources. Il a été jusqu’à faire une plaisanterie vulgaire sur l’agression sexuelle en prison : « Vous demandez au journaliste de donner l’identité de sa source… et s’il refuse, c’est “salut !”. Le journaliste est jeté en prison. Lorsqu’il apprend qu’il sera marié à un autre prisonnier extrêmement costaud, coriace et mauvais, il dira, “vous savez, je crois que je vais vous donner l’information que vous demandez”. »
« L’ex-président a souvent parlé avec admiration des dirigeants autoritaires qui punissent les voix critiques et emprisonnent les journalistes. Nous devons prendre au sérieux ses menaces de les imiter, et l’une des meilleures manières de le faire est de faire adopter une loi-bouclier pour la presse fédérale, afin de protéger les journalistes et leurs sources. »
Clayton Weimers, directeur du bureau États-Unis de RSF
Compte tenu de ces menaces, le Congrès devrait adopter la loi PRESS, qui limiterait la capacité du gouvernement à contraindre les journalistes à révéler leurs sources. La protection des sources anonymes est essentielle au journalisme d’investigation.
Récidive
Lors de son premier mandat en tant que président, Donald Trump s’était enquis de ce qui pouvait être entrepris pour punir des professionnels des médias faisant leur travail. Selon le New York Times, il aurait abordé, en 2017, le sujet de l’emprisonnement des journalistes publiant des informations classifiées avec le directeur du FBI de l’époque, James Comey.
Les conditions de la liberté de la presse ont rapidement décliné sous l’administration Trump. En 2020, quatrième année de son mandat, un nombre record de journalistes ont été arrêtés, en plus des 856 autres types d’agressions commises contre des professionnels des médias – dont la majorité étaient des attaques physiques délibérées et sans motif contre des membres de la presse clairement identifiés. Les derniers jours du gouvernement Trump ont été marqués par l’insurrection contre le Capitole à Washington, au cours de laquelle cinq personnes ont été tuées et où les assaillants ont détruit l’équivalent de dizaines de milliers de dollars de matériel média appartenant à Associated Press, détruit des caméras en hurlant « A bas CNN » et gribouillé les mots « Assassinez les médias » sur les portes du Capitole.