Asie - Pacifique
Philippines
-
Classement 2024
134/ 180
Score : 43,36
Indicateur politique
128
36.14
Indicateur économique
126
37.11
Indicateur législatif
130
47.48
Indicateur social
122
51.64
Indicateur sécuritaire
132
44.44
Classement 2023
132/ 180
Score : 46,21
Indicateur politique
135
43.96
Indicateur économique
122
40.20
Indicateur législatif
120
52.20
Indicateur social
114
57.39
Indicateur sécuritaire
148
37.30

La presse est extrêmement dynamique, en dépit des attaques ciblées et du harcèlement continu lancé par le gouvernement philippin contre les journalistes et les médias trop critiques, en particulier depuis 2016 et l'arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte.

Paysage médiatique

Les radios et les chaînes de télévision sont les médias les plus suivis et parmi eux, le géant GMA-7 remporte une part d’audience qui approche les 50 %. Son grand concurrent, le réseau ABS-CBN, dont la licence de diffusion a été supprimée en 2020, poursuit sa diffusion grâce à sa présence grandissante en ligne. La presse écrite est en perte de vitesse, même si le Philippine Daily Inquirer reste un journal de référence, porté notamment par sa version numérique, Inquirer.net. Le site Rappler, fondé en 2012 par la prix Nobel de la paix Maria Ressa, a su trouver un lectorat stable sur Internet et les réseaux sociaux. Les publications régionales peinent à survivre sans une forte présence en ligne, à l’image de grands titres en perte de vitesse comme le Sunstar Baguio ou le Visayan Daily Star.

Contexte politique

Avant 2022, les six ans de présidence de Rodrigo Duterte ont été marqués par de nombreuses attaques verbales du chef de l’État contre les journalistes, doublées d’un harcèlement judiciaire contre tout média jugé trop critique du gouvernement. C’est sous sa mandature que le Congrès a refusé de renouveler l’autorisation de diffuser des chaînes du réseau ABS-CBN, conduisant à la fermeture de dizaines de radios et de chaînes de télévision. Durant cette période, plusieurs portails d’information, comme ceux du réseau Altermidya, ont été la cible de cyberattaques menées par les trolls pro-Duterte. Si ces attaques semblent moins nombreuses et moins violentes depuis l’arrivée à la présidence, en 2022, de Ferdinand Marcos Junior, dit “Bongbong” – fils de l’ancien dictateur Marcos Senior, prédateur “historique” de la liberté de la presse dans le pays –, elles restent préoccupantes. Le harcèlement par les menaces et le "red-tagging" ou “catalogage communiste” persiste, tandis que la diffamation et la cyberdiffamation sont toujours passibles de peines d'emprisonnement.

Cadre légal

La Constitution de 1987 garantit la liberté de la presse, mais dans les faits, le droit philippin ne protège pas le libre exercice du journalisme. La diffamation reste criminalisée. La journaliste Maria Ressa risque plusieurs décennies de prison après des actions en justice intentées par plusieurs agences gouvernementales. Son acquittement, en septembre 2023, dans une affaire d'évasion fiscale est perçu comme un élément encourageant. En revanche, plusieurs lois relatives à la propriété des médias ou à la fiscalité sont instrumentalisées par le gouvernement pour harceler les médias critiques, comme le site Rappler. Depuis 2020, Frenchie Mae Cumpio est détenue et accusée de possession illégale d'armes à feu et d'explosifs, deux délits passibles d'une peine d'emprisonnement. Sa consœur journaliste, Lady Ann Salem, a déjà été détenue pendant quatre mois sur la base d'accusations similaires forgées de toutes pièces.

Contexte économique

Traditionnellement forte dans le pays, la concentration des médias grand public s’est récemment aggravée. Ce phénomène s'accompagne d’une forte proximité entre les familles dirigeantes et les barons politiques aux niveaux régional et national. Ainsi, le duopole entre ABS-CBN et GMA est désormais remis en cause par un troisième géant des communications ouvertement pro-Duterte, le groupe Villar, détenu par la famille du même nom. L'influence croissante du cousin de l'actuel président Marcos, Martin Romualdez, qui occupe le poste de président de la Chambre des représentants, est encore plus inquiétante. En 2023, son entreprise, Prime Media, qui possède le journal Manila Standard, a créé une joint-venture avec la société de radio ABS-CBN afin de gagner encore plus d'influence. Dans le pays, Internet et les réseaux sociaux offrent un espace de liberté pour de nombreux médias indépendants, mais leur précarité financière grève leur viabilité économique. 

Contexte socioculturel

Sous l’ère Duterte, surnommé le “Punisher”, les journalistes qui ont voulu couvrir sa politique expéditive de “guerre à la drogue” ont été la cible des pires attaques. La politique de son successeur, Bongbong Marcos, est à ce titre plus consensuelle. En revanche, les gouvernants ont encore régulièrement recours au “red-tagging”, ou “catalogage communiste”. Cette pratique, héritée de la colonisation états-unienne et de la guerre froide, consiste à stigmatiser comme “éléments subversifs” les journalistes qui ne suivent pas la ligne du gouvernement – ce qui revient à les désigner aux forces de l’ordre comme cible légitime d’une arrestation arbitraire ou pire, d’une exécution sommaire

Sécurité

Les Philippines sont l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, à l'image du massacre de 32 reporters à Maguindanao, dans le sud du pays, en 2009. L’impunité de ces crimes est quasiment totale. Pour y faire face, le gouvernement a mis en place, en 2016, une Force spéciale présidentielle sur la sécurité des médias, mais cet organe interministériel s’est avéré incapable d’enrayer le cercle vicieux de la violence contre les journalistes. Dans les régions, de nombreux professionnels des médias sont la cible de menaces et de poursuites. Les violences spécifiques liées au genre visent les femmes journalistes : menaces de viol, cyberharcèlement, dévoilement des coordonnées personnelles, etc.

Exactions en temps réel aux Philippines

Baromètre
2024
0 journalistes
0 collaborateurs des médias
0
2024
1 journalistes
0 collaborateurs des médias
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