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La Nouvelle-Zélande est un modèle pour le journalisme d’intérêt public. Régulation du marché, jurisprudence favorable, respect de la diversité et des peuples autochtones maoris dans un environnement multiculturel etc.… Les Néo-Zélandais bénéficient d’un haut niveau de liberté de la presse. Toutefois, une forte augmentation des attaques en ligne contre les journalistes fait planer la menace d'une "censure populaire".
Paysage médiatique
Après de sérieuses inquiétudes, à la fin des années 2010, concernant le pluralisme et l’indépendance éditoriale des organes de presse, la situation s’est améliorée en grande partie grâce aux lois anti-trust de 2020. Le principal portail d’information du pays, Stuff, a ainsi pu retrouver son indépendance financière – et donc éditoriale – après avoir été la cible des convoitises de grands groupes. Il est aujourd’hui concurrencé par d’autres sites d’information en ligne comme The Spinoff et Newsroom. Le groupe New Zealand Media and Entertainment (NZME) possède le premier quotidien du pays, The New Zealand Herald, ainsi que la radio Newstalk ZB. Le secteur audiovisuel est dominé par le service public, réparti entre ses deux entités, Television New Zealand, soumise à une charte de radiodiffusion et Radio NZ. Un énième projet de fusion entre les deux pôles a été rejeté en 2022, une recherche de synergie économique faisant peser de trop lourdes menaces quant à la qualité de l’information.
Contexte politique
Fondé en 1852, le système démocratique néo-zélandais établit une séparation stricte entre le pouvoir exécutif et la presse, reconnue comme un garant de l’état de droit et de la défense de l’intérêt public. Avec le Conseil des médias et la Public Broadcasting Standards Authority, les journalistes de l'archipel bénéficient de deux organes d'autorégulation, dont les membres sont désignés à l’issue d’un processus qui garantit leur indépendance.
Cadre légal
Faute d’une constitution propre ou de lois spécifiques en la matière, il n’existe aucune garantie juridique à la liberté de la presse. Pour autant, la jurisprudence établit que les litiges liés aux médias, comme les affaires de diffamation, se règlent systématiquement devant les cours civiles, et le plus souvent à l’amiable. Depuis des années, les journalistes du pays réclament la révision de la loi sur l’information publique de 1982 (Official Information Act, OIA), censée garantir la transparence de la gouvernance. Car dans les faits, ce texte accorde aux agences gouvernementales des délais excessifs pour répondre aux demandes des journalistes et forcent leur rédaction à payer plusieurs centaines de dollars pour obtenir une information publique.
Contexte économique
La viabilité économique de nombreux médias a été sérieusement menacée par la crise de la Covid-19, qui a entraîné la perte d’environ 700 emplois dans le secteur. Afin de répondre à cette urgence, le gouvernement a annoncé le déblocage sur trois ans de 55 millions de dollars néo-zélandais (33 millions d’euros) d’aide, dans la cadre d'un fonds de soutien au journalisme d’intérêt public.
Contexte socioculturel
La société néo-zélandaise est multiculturelle dans son ADN, avec une reconnaissance réciproque des populations d’ascendances maories et européennes dès le traité de Waitangi, en 1840. La dimension biculturelle de la nation ne se reflète toutefois pas complètement dans les médias, encore dominés par la presse anglophone. Un rééquilibrage a progressivement lieu, comme en atteste le succès de la chaîne Māori Television et de plusieurs émissions en langue maorie sur les médias grand public, comme Te Karere, The Hui ou Te Ao. Les médias néo-zélandais jouent aussi un rôle de relais pour les autres nations du Pacifique Sud, avec Tagata Pasifika, le Pacific Media Network et d’autres.
Sécurité
Les journalistes évoluent dans un environnement exempt de violence ou d’intimidation, bien qu’ils soient de plus en plus confrontés au problème du harcèlement en ligne. Leurs conditions de travail se sont également durcies au début de l’année 2022, avec les mouvements de contestation contre les restrictions liées à la Covid-19 et le "siège" du Parlement qui a duré un mois, où ont eu lieu des cas de violences, d’insultes et de menaces de mort contre des journalistes, pourtant rarissimes sur l'archipel.