Le reporter pakistanais Absar Alam, critique de l’armée, blessé par balle
Figure du journalisme au Pakistan, Absar Alam a été touché par une balle en plein jour, alors qu’il se trouvait près de son domicile. Compte tenu des menaces qui pèsent contre lui en raison de ses positions hostiles au gouvernement et à l’armée, Reporters sans frontières (RSF) demande qu’une enquête parfaitement indépendante fasse la lumière sur cet acte inqualifiable.
Il a échappé de justesse à la mort. Le journaliste Absar Alam a été visé par balle, hier mardi 20 avril, alors qu’il marchait en plein jour près de son domicile, dans une allée d’un parc d'Islamabad, la capitale fédérale. Blessé par une balle qui a touché l’une de ses côtes et endommagé son foie, il a été transféré à l’hôpital dans la foulée, où son état est actuellement stable, selon l’un de ses confrères, Gharidah Farooqi, qui l 'a accompagné.
Dans une courte vidéo enregistrée sur le chemin de l’hôpital, on peut voir Absar Alam expliquer comment il a été attaqué. Et de conclure : “Mon message à ceux qui m’ont attaqués, est que je ne me laisserai jamais impressionner par vos méthodes.” Le tireur, apparemment seul, a réussi à s'enfuir après son méfait.
“Il est extrêmement choquant qu’un célèbre journaliste comme Absar Alam soit ainsi visé en plein jour, au cœur de la capitale pakistanaise, et que son agresseur ait pu s'évaporer ainsi dans la nature, déclare Daniel Bastard, le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons le ministre de l’Intérieur, Sheikh Rasheed, à s’assurer que l’enquête qu’il a diligentée soit menée par une équipe parfaitement indépendante, afin de mettre un terme au cycle d’impunité des crimes commis contre les journalistes au Pakistan. Il en va de la crédibilité de l’Etat de droit.”
Critique acerbe
Journaliste chevronné, qui a travaillé durant vingt ans dans l’audiovisuel, Absar Alam a également occupé le poste de directeur de la Pakistan Electronic Media Regulatory Authority (PEMRA), le gendarme des médias, entre 2013 et 2018, sous le précédent gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif, dont le reporter est réputé proche.
Depuis, Absar Alam s’est fait un nom comme critique acerbe de la toute puissante armée pakistanaise, et de l’actuel gouvernement civil soutenu par l’establishment militaire. En tant que tel, il est désormais la cible de menaces en ligne répétées.
Le mois dernier, le journaliste a été convoqué par l'Agence fédérale d’investigation (FIA), la branche civile du renseignement pakistanais, en raison de messages postés sur les réseaux sociaux qui entretiendraient une “rhétorique anti-étatique”. La haute cour d’Islamabad a finalement jugée irrecevable la demande d’information judiciaire émise par la FIA.
Le Pakistan occupe la 145e place sur 180 pays dans l’édition 2021 du Classement mondial de la liberté de la presse que RSF vient de publier.