Gambie : révélations sur la mort en détention du journaliste Chief Ebrima Manneh victime de sévices
Le journaliste gambien Chief Ebrima Manneh, arrêté en 2006 par les services de renseignement, est mort en détention en 2008 des suites d’actes de maltraitance. Reporters sans frontières (RSF) demande des sanctions contre les auteurs.
Arrêté le 7 juillet 2006, l’ancien rédacteur en chef du quotidien Daily Observer, Chief Ebrima Manneh, est décédé au cours de son transfert de la prison à l’hôpital Diabugu Bapata en 2008, révèle le journal Trumpet. Il a été enterré derrière un commissariat près de toilettes publiques, sans prière mortuaire, selon la même source qui précise qu’il a subi des sévices corporels.
‘’L’ouverture politique notée depuis l’arrivée d’Adama Barrow au pouvoir doit se traduire par des sanctions contre les personnes citées dans cette affaire’’, déclare Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Ce serait un signal fort contre l’impunité des crimes contre les journalistes qui ont marqué le règne de Yahya Jammeh’’.
Le journaliste avait été arrêté pour une raison inconnue, peu après la clôture du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), qui s'était tenu à Banjul les 1er et 2 juillet 2006. Plusieurs arrestations avaient alors eu lieu au sein de la presse indépendante, accusée d'avoir perturbé l'événement.
En janvier 2007, le trihebdomadaire d'opposition Foroyaa avait révélé que Manneh était détenu à Fatoto, une petite ville à 400 km à l'est de la capitale. Un témoin oculaire, présent à l'époque dans la prison Mile Two, a affirmé à RSF que le journaliste avait été transféré, en juillet 2007, dans un hôpital de Banjul, alors qu'il se trouvait dans un très mauvais état de santé. Il n'a jamais été revu depuis cette date. Le témoin, dont le récit est crédible, affirme que le journaliste est mort en détention.
Cette affaire a suscité beaucoup de réactions au sein de la communauté internationale. En 2008, la Fondation des médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA), basée à Accra, au Ghana, avait saisi la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à Abuja, au Nigéria, contre le gouvernement du président de l’époque, Yaya Jammeh.
Le gouvernement gambien ne s’est jamais présenté à ce procès, préférant garder le silence sur cette affaire. La Cour s'était prononcée en faveur de Manneh, en ordonnant au gouvernement gambien de lui verser une indemnité de 100 000 dollars US.
La Gambie (122e) a gagné 21 places, soit la plus grosse progression mondiale, dans le Classement 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.