#UnhappyBirthdayMrPutin : l’opération de RSF pour marquer l’anniversaire de Vladimir Poutine et de l’assassinat d'Anna Politkovskaïa
Le 7 octobre, anniversaire du président russe (69 ans aujourd’hui), est aussi celui de l’assassinat de la célèbre journaliste d’investigation (il y a 15 ans). Reporters sans frontières (RSF) marque cette date symbolique par un lâcher de ballons noirs qui interpelle le président Vladimir Poutine sur le climat d’impunité régnant dans le pays.
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Il y a 15 ans, le 7 octobre 2006, la journaliste d’investigation Anna Politkovskaïa était tuée de quatre balles dans la cage d’escalier de son immeuble, à Moscou. Célèbre pour sa couverture du conflit tchétchène pour le média indépendant Novaïa Gazeta, et ses articles critiques du Kremlin, elle est devenue le symbole du combat pour la liberté de la presse en Russie. Triste coïncidence, le président Vladimir Poutine, qui a favorisé le climat d’impunité des crimes commis dans son pays contre les journalistes et restreint la liberté de la presse, est aussi né un 7 octobre.
Pour marquer ce double anniversaire, les équipes de RSF organisent un lâcher de 1.000 ballons noirs floqués du hashtag #UnhappyBirthdayMrPutin (“#TristeAnniversaire M.Poutine”) devant les ambassades de Russie à Paris, à Berlin et à Londres ainsi que devant la rédaction de Novaïa Gazeta à Moscou.
“Quinze ans après, les commanditaires de l’assassinat d’Anna Poltikovskaïa n’ont toujours pas été identifiés par manque de volonté politique, souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Savoir les exécutants en prison ne suffit pas. Cette impunité est d’autant plus tragique que le délai de prescription pour son meurtre expire aujourd’hui. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la Russie en 2018 pour manquements dans l’enquête, qui n’a pas avancé depuis. A l’occasion de son propre anniversaire, Vladimir Poutine pourrait offrir un vrai cadeau à son pays : s’attaquer frontalement à la question de l’impunité, alors que près de 40 journalistes ont été tués depuis qu’il est à la tête du pays.”
Média martyre, Novaïa Gazeta déplore à lui seul cinq reporters assassinés en vingt ans, dont Natalia Estemirova en 2009, journaliste militante, amie d’Anna Poltikovskaïa, qui couvrait aussi la Tchétchénie. La journaliste Elena Milachina, qui couvre désormais cette région, la plus fermée de Russie, connaît aussi le prix à payer pour la liberté de la presse. “Dans notre pays, les journalistes ne peuvent se protéger que d’une seule manière : en montrant que, si vous en tuez un, il en viendra toujours un autre, et qu’en fin de compte vous ne pourrez pas tous les tuer”, témoigne-t-elle dans l’ouvrage Ils font vivre le journalisme en Russie ! (Sous la direction de Johann Bihr, postface de la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF Jeanne Cavelier, éditions Les Petits Matins).
La Russie occupe la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Le président Vladimir Poutine figure en bonne place dans la galerie des “prédateur de la liberté de la presse” publiée en 2021 par RSF.