Un journaliste succombe à ses blessures en Ukraine : “la lutte contre l’impunité est une urgence absolue”
Reporters sans frontières (RSF) est choquée d’apprendre le décès du journaliste ukrainien Vadym Komarov, qui avait été violemment agressé. L’organisation alerte les autorités sur l’urgence absolue de la lutte contre l’impunité en Ukraine.
Le journaliste ukrainien Vadym Komarov est décédé ce 20 juin 2019 des suites du violent passage à tabac dont il avait été victime début mai à Tcherkassy, dans le centre de l’Ukraine. Notamment connu pour ses enquêtes sur la corruption locale, il avait déjà été victime de plusieurs tentatives de meurtre ces dernières années. Malgré l’ouverture d’une enquête, sa mort reste pour l’heure impunie.
Ce drame intervient moins de deux semaines après l’agression du caméraman Vadym Makariouk à Kharkov, dans l’est du pays. Passé à tabac le 7 juin alors qu’il filmait un violent affrontement entre entrepreneurs, vétérans et militants d’extrême-droite sur un marché, il a été victime d’une hémorragie cérébrale et hospitalisé dans un état critique. Le journaliste a désormais quitté l’unité de soins intensifs et sa vie n’est plus en danger, mais il souffre toujours d’amnésie et sa main droite est paralysée.
“La mort de Vadym Komarov rappelle le niveau de violence alarmant auquel sont confrontés les journalistes en Ukraine et l’urgence de lutter contre l’impunité dans ce pays, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Il est grand temps de prendre le problème à bras le corps pour éviter que ne s’installe un climat d’intimidation. Nous demandons aux autorités de tout mettre en oeuvre pour que ce crime et les autres attaques contre les journalistes ne restent pas impunis.”
Après plusieurs années de baisse, les violences contre les journalistes sont reparties à la hausse en Ukraine en 2018. Selon l’Institute of mass Information (IMI), partenaire de RSF, au moins six journalistes ont été frappés ou blessés au cours des cinq premiers mois de l’année 2019, douze ont été menacés, et 48 ont été confrontés à des manoeuvres d’obstruction plus ou moins violentes (voies de fait, bris de matériel, refus d’accès…). La grande majorité de ces actes restent impunis, tout comme l’assassinat retentissant du célèbre journaliste Pavel Cheremet en 2016.
L’Ukraine occupe la 102e place du Classement mondial 2019 de la liberté de la presse établi par RSF.