Ukraine: l’incendie criminel, dernière étape de l’escalade contre Inter TV
Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’attaque perpétrée contre les locaux de la chaîne de télévision ukrainienne Inter, le 4 septembre 2016 à Kiev.
Dans l’après-midi du 4 septembre, au terme d’une manifestation de mécontentement contre la ligne éditoriale d’Inter, une vingtaine d’individus ont tenté d’incendier les locaux de la chaîne en y jetant notamment des pneus enflammés. Le premier et le deuxième étages ont été partiellement détruits. Une journaliste s’est blessée lors de l’évacuation, plusieurs autres ont été intoxiqués par la fumée.
“Il est inacceptable qu’un différend éditorial donne lieu à un tel déchaînement de violence, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Rien ne justifie le recours à de telles méthodes. Compte tenu des signes avant-coureurs, il est regrettable que les autorités n’aient pu empêcher cette attaque. Il est désormais de leur devoir de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur cet incident et empêcher qu’il ne se reproduise.”
Des rassemblements hostiles se sont poursuivis les 5 et 6 septembre devant les locaux de la chaîne, désormais placés derrière une barrière métallique. Les manifestants, comprenant de nombreux anciens combattants contre les forces séparatistes de l’est du pays, accusent Inter d’être “prorusse”. Les locaux de la chaîne avaient déjà été pris à partie à trois reprises par des manifestants violents au cours de l’année 2016.
Inter est l’une des chaînes nationales les plus regardées en Ukraine. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a condamné l’attaque du 4 septembre. Six suspects ont été arrêtés. L’Ukraine occupe la 107e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par RSF.