L’expulsion indigne du blogueur dissident Pham Minh Hoang vers la France
Figure emblématique de la lutte pour la liberté d’expression au Vietnam, Pham Minh Hoang a été expulsé du Vietnam, son pays natal, vers la France dans la nuit de samedi à dimanche. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) est profondément choquée par cette mesure sans précédent qui a pour but de faire taire une voix dissidente.
Après l’avoir déchu de sa nationalité vietnamienne le 17 mai dernier puis arrêté à son domicile vendredi, le gouvernement vietnamien a contraint le blogueur-dissident Pham Minh Hoang, à monter dans un avion pour Paris.
Accueilli par des proches à l’aéroport dimanche matin à Paris, Pham Minh Hoang était “toujours sous le choc et très triste”, mais a réaffirmé qu’il s’efforcerait de “vivre pour continuer le combat" qu’il définit comme sa “raison d’être”.
"Il est tout à fait choquant sur le principe de retirer la nationalité d'un opposant pour pouvoir l'expulser et le faire taire, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Ce qui est arrivé à Pham Minh Hoang, célèbre blogueur indépendant et courageux défenseur de la liberté d'expression, est tout à fait indigne et notamment pour le Vietnam".
Pham Minh Hoang, 62 ans, qui a étudié et travaillé en France pendant 28 ans est également détenteur de la nationalité française. Cependant, dans un émouvant appel lancé auprès de RSF, le 20 juin dernier, cet éminent professeur à l’École Polytechnique de Saigon demandait à la France de ne pas faciliter son expulsion en délivrant les laisser-passers nécessaires, expliquant qu’il refusait catégoriquement d’être expulsé, car il désirait “à tout prix vivre et mourir au Vietnam” pour rester avec ses proches et continuer de lutter pour la liberté d’expression dans son pays.
Persécuté et victime d’une procédure illégale
C’est la première fois que le régime à parti unique retire sa nationalité à l’un de ses opposants politiques. Et pour cause, la déchéance de nationalité est en principe contraire à la législation du pays pour les personnes nées au Vietnam, comme c’est le cas Pham Minh Hoang. Son avocat a d’ailleurs déposé un recours arguant que cette mesure était totalement illégale.
Pham Minh Hoang, professeur de mathématique et membre du parti pro démocratie Viet Tan a déjà été persécuté, moralement et judiciairement, par les autorités vietnamiennes. Ses articles engagés sur l’éducation, l’environnement ou encore la souveraineté face à la Chine avaient conduit à sa condamnation en appel à 17 mois de prison ferme et 3 ans de résidence surveillée en 2011. A l’époque, sa peine avait pu être allégée notamment grâce à l’action du gouvernement français.
Le Vietnam se situe parmi les pays les plus mal notés du Classement mondial pour la liberté de la presse 2017, à la 175ème place sur 180 pays.