Le frère de Dawit Isaac et Reporters sans frontières pressent la Suède et l'Union européenne d'agir pour faire libérer le journaliste emprisonné
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Le 18 octobre 2010, à Stockholm, et le 19 octobre, à Strasbourg, Esayas Isaac et la section suédoise de Reporters sans frontières interpellent le gouvernement suédois et les autorités européennes sur l'obligation juridique issue du droit international qui les contraint à tout faire pour garantir la protection du journaliste Dawit Isaac, emprisonné depuis neuf ans en Erythrée. Citoyen doté de la double nationalité suédoise et érythréenne, en cela ressortissant européen, l'ancien journaliste du quotidien disparu Setit est un prisonnier d'opinion.
Candidat finaliste pour l'obtention du prix Sakharov en 2009, le journaliste pourrait à nouveau faire partie de la liste des nominés 2010, qui doit être rendue publique ce 18 octobre.
"L'avis juridique démontre que la Suède et l'Union européenne sont obligées d'utiliser tous les moyens possibles pour aider leur ressortissant, Dawit Isaac. C'est un moment crucial", a déclaré Esayas Isaac, le frère du journaliste.
"Depuis des années, nous dénonçons la cruauté des autorités érythréennes vis-à-vis des journalistes emprisonnés et nous appelons l'Union européenne à réagir. Depuis des années, nous demandons à Bruxelles de s'opposer à la politique répressive d'Asmara en étant plus ferme sur le plan diplomatique et en conditionnant son aide en matière de coopération. La mobilisation en faveur de Dawit Isaac prend désormais une nouvelle dimension puisqu'elle a lieu également sur le terrain juridique", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
"La Suède doit se demander quels sont les moyens les plus appropriés pour protéger Dawit Isaac et le faire enfin libérer. Effectuer une visite d'État en Erythrée ? Ouvrir une ambassade permanente à Asmara dont le mandat principal serait de défendre la cause du journaliste ? Appliquer enfin les sanctions imposées sur ce pays par les Nations unies et cesser d'accueillir de hauts responsables érythréens comme Yemane Ghebreab l'été dernier ?", a ajouté Jean-François Julliard.
A la demande d'Esayas Isaac, de la section suédoise de Reporters sans frontières, mais aussi de l'Union des écrivains suédois, de l'Association suédoise des éditeurs de magazines, du PEN suédois, du Club national de la presse suédois, et du Comité Free Dawit, deux avocats suédois, Me Percy Bratt et Me Olle Asplund, ont établi une note juridique démontrant que la Suède et l'Union européenne ont "l'obligation positive" d'agir en faveur de Dawit Isaac. En se basant notamment sur le principe de droit international coutumier de la protection diplomatique (jus protectionis) et sur les articles 2, 3, 6 et 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales (droit à la vie, interdiction de la torture, droit au procès équitable et droit à la liberté d'expression), ils prouvent que la Suède et l'UE sont contraintes d'agir par tous les moyens pacifiques possibles pour le défendre.
Le 18 octobre, à 10 heures, les résultats de ce travail sont présentés au cours d'une conférence de presse au cabinet Bratt&Feinsilber, à Stockholm. Immédiatement après, Esayas Isaac et Reporters sans frontières se rendront au ministère suédois des Affaires étrangères pour déposer leur avis juridique, accompagné d'une lettre adressée au ministre Carl Bildt.
Le lendemain, à Strasbourg, Esayas Isaac et la section suédoise de Reporters sans frontières, accompagnés par un groupe de parlementaires européens mené notamment par les députés suédois Olle Schmidt et Eva-Britt Svensson, présenteront cette note juridique au commissaire européen Andris Piebalgs, ainsi qu'au président du Parlement européen, Jerzy Buzek. Ils donneront ensuite une conférence de presse au Press Bar du Parlement européen, à 17 heures 30, pour présenter leur démarche et rendre compte du retour que leur auront fait les autorités européennes.
Emprisonné en Erythrée depuis le 23 septembre 2001, Dawit Isaac est détenu au secret, sans avoir jamais eu droit à un procès, et alors que son état de santé est très inquiétant. Les autorités d'Asmara, qui refusent de reconnaître la nationalité suédoise du journaliste, ne laissent filtrer aucune information sur sa situation.
En dépit de récentes révélations de plusieurs sources érythréennes faisant état du transfert de Dawit Isaac au bagne d'Eiraeiro, il est à ce jour impossible de savoir avec certitude où le journaliste est détenu.
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Publié le
Updated on
20.01.2016