Mahmoud Abu Zeid, plus connu sous le pseudonyme de “Shawkan”, a été arrêté le 14 août 2013 alors qu’il faisait la couverture des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants pro-Morsi de la place Rabiaa Al-Awadiya pour les agences
Demotix et
Corbis. Depuis son arrestation, il est détenu dans la prison de Tora au Caire dans des
conditions inquiétantes. “Shawkan” souffre d’une hépatite C et son état de santé se détériore par manque d’accès à des soins appropriés.
“La détention de Shawkan est illégale au vu du droit égyptien et international, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation.
En le maintenant en détention provisoire et en le faisant comparaître avec des centaines d’accusés, les autorités montrent bien leur manque de volonté de respecter la profession libre des journalistes. Shawkan est en prison pour avoir pris des photos. RSF demande sa libération immédiate et l’abandon des charges portées contre lui”.
Parmi les charges les plus graves qui pèsent contre lui, le photojournaliste est notamment poursuivi pour meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe interdit (Frères musulmans, ndlr). Il sera jugé, le samedi 12 décembre, lors d’un
procès de masse aux côtés de
plus de 700 autres accusés - pour la plupart des membres de la confrérie des Frères musulmans - par la Cour criminelle du Caire. Il risque la prison à vie et la peine de mort.
Contacté par RSF, son avocat Karim Abdelrady rappelle que le journaliste a passé plus de deux ans en prison sans aucune preuve contre lui et sans tenue d’un procès, ce qui va à l’encontre de l’article 143 du code égyptien de procédure pénale. “
Je demande à la justice de s’en tenir à la loi, indépendamment du contexte politique ou de l’affiliation politique, des accusés. Shawkan doit être relâché immédiatement,” déclare l’avocat. Selon la législation égyptienne, la période maximale légale de détention provisoire est de deux ans et dans le cas de Shawkan, elle a été largement
dépassée.
Dans une
lettre écrite depuis la prison de Tora le 1er décembre 2015, Shawkan a tenu à remercier les personnes qui le soutiennent mais a également fait part de son désespoir quant au fait d’obtenir justice. Son cas, aujourd’hui très médiatisé sur les
réseaux sociaux et par diverses organisations internationales, est devenu emblématique d’une situation dégradante pour la liberté de l’information et les droits de l’homme en Egypte.
Classée 158e sur 180 pays au
Classement mondial 2015 de la liberté de la presse, l’Egypte est aujourd’hui l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes, après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Au moins
vingt journalistes sont injustement détenus à ce jour.