Inde : le domicile d’une journaliste attaqué au cocktail Molotov
Un cocktail incendiaire a été jeté contre le domicile de la rédactrice en chef du Shillong Times. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à mener une enquête approfondie et à tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité de la journaliste.
Patricia Mukhim, rédactrice en chef du Shillong Times, principal journal anglophone de la région, travaillait chez elle dans la soirée du 17 avril quand deux individus non identifiés, circulant à moto, ont jeté un cocktail Molotov en direction de sa chambre. L’attaque qui s’est produite dans l’Etat du Meghalaya, situé au Nord-Est de l’Inde, n’a pas fait de blessés et le feu a rapidement pu être maîtrisé.
Patricia Mukhim, dont les écrits ont été récompensés par de nombreux prix, voit en cette attaque un acte de représailles après la publication d’articles engagés et critiques contre “certaines organisations” et le gouvernement. Le 13 avril dernier, la rédactrice en chef du Shillong Times avait notamment signé un éditorial s’opposant à l’exploitation abusive du calcaire dans la région et à une mesure gouvernementale qui autoriserait l’exploitation minière de charbon dans l’Etat du Meghalaya.
“L’agression dont a été victime la journaliste Patricia Mukhim est à la fois inacceptable et très préoccupante, quand on sait que les derniers journalistes assassinés en Inde ont tous été préalablement victimes de violentes menaces et qu’un climat d’hostilité est volontairement entretenu contre la presse critique, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons les autorités locales à mener une enquête approfondie sur cet incident grave et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de la journaliste”.
Cette attaque n’est pas sans rappeler l’assassinat de la célèbre journaliste Gauri Lankesh, abattue de plusieurs balles à son domicile, par des hommes en moto en septembre dernier. Dans le Nord-Est de l’Inde, les journalistes sont régulièrement en proie à des menaces, des violences et des assassinats. Fin 2017, deux journalistes, Sudip Datta Bhaumik et Shantanu Bhowmick ont été brutalement tués à quelques semaines d’intervalle dans l’Etat du Tripura. Les coupables n’ont toujours pas été appréhendés par la police et les enquêtes semblent au point mort.
L’Inde est située à la 136ème position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2017.