Coupe du monde de football: les journalistes, grands perdants de la compétition
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Lors de la Coupe du monde de football au Brésil, du 12 juin au 13 juillet 2014, 38 journalistes brésiliens et étrangers ont été agressés par les forces de l’ordre et les manifestants. Cette compétition sportive a été l’occasion pour Reporters sans frontières d’interpeller les autorités et la communauté internationale sur les exactions commises à l’encontre des professionnels de l’information.
Le nombre de journalistes agressés a atteint le jour de la finale à Rio de Janeiro, le 13 juillet 2014, un niveau accablant. La journée s’est soldée par 15 agressions de journalistes chargés de la couverture médiatique des manifestations contre la Fifa. Un agent de la police militaire a asséné un coup de pied dans le visage de Jason O’Hara, photojournaliste indépendant canadien qui filmait la scène, alors que celui-ci était déjà à terre. Ana Carolina Fernandes, photographe de l’agence Reuters, a, quant à elle, été attaquée au gaz lacrymogène. Blogueurs et net-citoyens font également les frais de la brutalité des agents: Felipe Peçanha, du site d’information indépendant Mídia Ninja, a été roué de coups au cours de cette même manifestation.
“Reporters sans frontières exhorte les autorités à veiller à ce que les actes des agents de la police militaire, responsables de violence à l’encontre de journalistes, ne restent pas impunis, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Malgré les promesses du gouvernement, les journalistes au Brésil ne peuvent toujours pas compter sur une protection garantie par l’Etat, par le moyen d’un mécanisme national de protection.”
Dans le cadre d’une mission au Brésil du 10 au 17 juillet 2014, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, a rencontré la présidence à Brasilia dont les portes-parole ont assuré que la police militaire recevait des formations pour gérer les manifestations non-violentes. Cependant, selon leurs dires, la police ne dépend pas du gouvernement. La présidence a également fait part à Reporters sans frontières de la constitution d’un observatoire des violences envers les journalistes, qui n’est malheureusement pas encore effectif à ce jour.
En plus d’un an de soulèvements populaires contre les dépenses publiques engendrées par la Coupe du monde, l’Association brésilienne du journalisme d’investigation (Abraji) a recensé 210 attaques à l’encontre de journalistes professionnels et non-professionnels, dont 38 perpétrées pendant la compétition. Ces exactions comprennent des insultes, menaces, vols de matériel, détentions arbitraires et agressions, rapportées par les médias et les syndicats. Dès le premier jour du tournoi, le 12 juin 2014, une collaboratrice de Mídia Ninja, Karinny de Magalhães, a été détenue lors d’une manifestation à Belo Horizonte, et agressée pendant plusieurs heures par des agents de la police militaire, qui l’ont harcelée verbalement et sexuellement jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Le cameraman de la chaîne de télévision Bandeirantes, Santiago Ilídio Andrade, aura même payé de sa vie la couverture de ces mouvements populaires, victime d’un tir d’explosif le 6 février 2014 lors d’une manifestation à Rio.
Le Brésil, 111ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse, est le deuxième pays le plus meurtrier pour la profession en Amérique latine, avec 15 assassinats de journalistes, visés pour leur métier, au cours des quatre dernières années.
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Updated on
20.01.2016