Coronavirus: alors que le Japon déclare l’état d’urgence, RSF s'inquiète pour la liberté de la presse
Reporters sans frontières (RSF) demande au gouvernement japonais d’exclure les médias de la liste des entreprises et associations pouvant recevoir ses instruction du fait de l’état d’urgence et appelle à réviser la loi pour garantir la liberté de la presse en toutes circonstances.
Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus, le gouvernement japonais a déclaré aujourd’hui l’état d'urgence sur une grande partie de son territoire, activant de ce fait la loi sur les mesures spéciales qui l’autorise à donner des « instructions » à un certain nombre d’entreprises et d’associations listées sur son site internet, dont le groupe public de radio télévision NHK. De nombreuses voix ont exprimé leur inquiétude quant à la formulation ambiguë de ce texte de loi et le risque qu’il soit compris comme un permis de restreindre l’indépendance des médias.
Reporters sans frontières (RSF) demande au Premier ministre Shinzo Abe de retirer la NHK de cette liste et de veiller à ce qu'aucun autre média n’y soit ajouté. RSF appelle également les parlementaires japonais à modifier la réglementation dans les plus brefs délais afin qu’elle respecte pleinement le principe de liberté de la presse énoncé dans la constitution japonaise et la loi japonaise sur la radiodiffusion.
« En période de crise sanitaire, le public a un besoin vital d’informations indépendantes concernant les mesures mises en place par les pouvoirs publics et les gestes qu’ils préconisent pour limiter l’épidémie, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle le gouvernement japonais à « préserver l’indépendance des médias et à agir dans la plus grande transparence. »
Le 15 mars, le ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales s'est excusé après avoir publié sur le réseau social Twitter des contenus inexacts visant à décrédibiliser un reportage sur le coronavirus diffusé par TV Asahi.
Depuis l'arrivée au pouvoir du nationaliste Shinzo Abe en 2012 au poste de Premier ministre, les journalistes se plaignent de la méfiance et de l'hostilité dont ils sont victimes, les autorités ayant à plusieurs reprises tenté de porter atteinte à l’indépendance éditoriale de certains médias.
En 2017, le rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d’expression, David Kaye, avait exprimé son inquiétude au sujet de la liberté de la presse au Japon et a noté une nouvelle aggravation l’an dernier.
Le Japon se situe au 67e rang sur 180 au Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2019.