Censure en Russie : RSF débloque le plus important site d’information en exil dans le cadre de Collateral Freedom
Pour contrer la censure de sites d’information indépendants en Russie, Reporters sans frontières (RSF) a débloqué Meduza.io, le média russe le plus populaire du pays, et appelle les autres médias bloqués à se manifester afin de pouvoir eux aussi être remis en ligne.
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Dans le cadre de son opération Collateral Freedom, RSF a débloqué Meduza.io, le site d’information russe le plus visité du pays. Ce média indépendant, fondé à Riga en Lettonie, étiqueté “agent de l’étranger” depuis près d’un an et soumis aux contraintes drastiques de ce statut arbitraire, revendique plus de 13 millions de visiteurs uniques par mois. Cet opposant journalistique au récit brodé par le Kremlin a été banni le 4 mars dernier du réseau national. RSF l’a remis en ligne et appelle tous les médias censurés à la contacter pour bénéficier également de cette opération.
“Sans action forte, l’Internet russe va bientôt achever sa mue en un réseau propagandiste, avertit Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Le Kremlin torpille méthodiquement tous les médias en ligne qui ne suivent pas les directives de désinformation du régime. L’opération Collateral Freedom permet d’y faire obstacle efficacement et rapidement.”
RSF dispose du soutien technique de hackers, informaticiens et ingénieurs dans plusieurs pays d’Europe. Cette alliance permet à l’organisation de mettre rapidement en ligne une copie conforme d’un site censuré et de l’héberger sur des réseaux de diffusions de contenus (CDN) qui abritent également une multitude d’autres services, et qui de ce fait ne sont pas censurés.
Si le régime privilégie la manière forte et s’en prend directement aux hébergeurs de sites, tous les autres services hébergés seraient désactivés dans la foulée. Cela engendrerait une myriade de dysfonctionnements et n’affecterait pas la facilité avec laquelle RSF peut remettre les sites en ligne.
Empêcher la mise à mort de la presse russe indépendante
Le Kremlin veut détruire les médias qui ne nourrissent pas sa propagande et l’acharnement de Vladimir Poutine contre la liberté de la presse a atteint une intensité sans précédent depuis le début de la guerre. L’agressivité du pouvoir à l’encontre des médias l’a conduit à promulguer le 4 mars dernier un amendement sanctionnant de quinze ans de prison les journalistes qui ne s'inclinent pas devant la propagande russe, au nom de la lutte contre les “fausses informations”.
Ce n’est que le dernier coup en date. La censure liée à la guerre en Ukraine a commencé dès le 27 février et depuis, les médias indépendants tombent les uns après les autres. Parmi les premières victimes, Nastoyaschee Vremia, chaîne de télévision en ligne fondée par le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty ou encore le média d’opposition The New Times et même un journal étudiant, Doxa. Mis sous pression, des médias emblématiques du journalisme russe indépendant comme Dojd et la radio Echo de Moscou se sont résolus à cesser leur activité.
Pour contrer ce plan d’éradication de la presse libre et lutter contre les projets de Moscou, RSF se tient prête à remettre en première ligne tous les médias censurés dans cette guerre contre l’information.
La Russie occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 de RSF.