Arrestations, surveillance et intimidations violentes pour parer à toute déstabilisation du régime
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Reporters sans frontières dénonce une nouvelle vague de répression contre les blogueurs et militants des droits de l’homme vietnamiens : “Filatures, agressions, interrogations musclées, détentions illégales... Les autorités sont prêtes à tout pour réduire au silence les voix dissidentes. Dans un contexte de manifestations anti-chinoises qui leur fait craindre des risques d’instabilité interne, elles n’hésitent pas à avoir recours à des méthodes de voyous à l’encontre de blogueurs pacifistes. Nous demandons au régime d’Hanoï de libérer au plus vite les militants dont le seul crime est d’avoir contribué au droit à l’information de leurs concitoyens. Le blogueur Nguyễn Văn Hải, plus connu sous le nom de Dieu Cay, harcelé alors qu’il est incarcéré, doit être immédiatement relâché”, a déclaré l’organisation.
Filatures, aggressions et interpellations
Le 13 juillet 2012, la blogueuse Vi Hoang Nguyen a été blessée au cours d’une attaque par des agents du gouvernement en civil. Ces derniers l’ont suivie durant la journée du 13 juillet alors qu’elle rendait visite à sa mère à l’hôpital, avant d’aller à l’anniversaire de trois autres blogueurs, Tien Kim Trinh, Trang Dem et Hang Minh Bui. Habitués à ce type de surveillance, ces derniers n’ont pas prêté attention aux agents. Quittant la fête, la voiture, avec à son bord Vi Hoang Nguyen, Hang Bui, Lee Nguyen, Quyet Le et Mme Tan Thi Duong (la femme du célèbre blogueur Dieu Cay) a été suivie par huit agent, qui ont brisé la vitre arrière, blessant Hang Bui, Lee Nguyen, et plus particulièrement Vi Hoang Nguyen, touchée aux bras, aux jambes et au visage.
Le 1er juillet dernier, Vi Hoang Nguyen avait été interrogée puis arrêtée par des agents de la Sécurité nationale après avoir participé à une manifestation contre la Chine. Depuis, elle est en permanence suivie par des individus qui prennent des photos à chacun de ses déplacements.
Le 4 juillet 2012, la blogueuse Huynh Thuc Vy a été retenue par des agents de police et de la Sécurité nationale, jusqu’au lendemain matin. Au cours de sa détention, elle a subi de mauvais traitements qu’elle relate dans une interview accordée à Radio Free Asia. Elle s’est vu confisquer ordinateurs et téléphones, a confié à Reporters sans frontières une source locale qui souhaite garder l’anonymat.
Le 1er juillet dernier, Huynh Thuc Vy et son mari, Le Khanh Duy,ont été interrogés pendant plus de 12 heures à l’issue de la manifestation contre la Chine à laquelle ils ont participé. Ils sont depuis soumis à des filatures à chacun de leurs déplacements. Harcelés par ces agents, ils ont été à plusieurs reprises “invités” à se rendre au poste de police où les interrogatoires ont été agressifs.
Privilégiant des méthodes d’intimidation musclées, les autorités vietnamiennes ont tenté de dissuader des militants de participer à une manifestation prévue le week-end du 14 juillet.
Le blogueur Dieu Cay toujours détenu
Le blogueur Dieu Cay est quant à lui toujours poursuivi depuis le 19 octobre 2010 pour “propagande contre la République socialiste du Viet Nam” (article 88 du Code pénal vietnamien). Il avait été arrêté en avril 2008, officiellement pour fraude fiscale, peu de temps après avoir fondé le Club des Journalistes libres (septembre 2007), avec deux autres blogueurs, Phan Thanh Hai (aussi connu sous le pseudo Anhbasg) et Ta Phong Tan.
Contrairement aux dispositions de l’article 176 (2) du Code pénal de 2003, Dieu Cay est toujours incarcéré, et son dossier n’a toujours as été instruit. Cet article prévoit un délai maximal de trois mois pour qu’une affaire soit présentée devant un magistrat. Ce délai peut être prolongé de quinze à trente jours selon le degré de l’infraction.
Dieu Cay a cependant pu informer sa famille, le 3 juillet dernier, lors de l’une des rares visites qui leur sont accordées, que sa détention était prolongée jusqu’au 18 juillet. Toujours dans l’attente d’un jugement, il refuse de plaider coupable et continue de défendre ses prises de positions en faveur de la liberté d’expression. Sa famille est inquiète de la dégradation de son état de santé. Par ailleurs, ayant refusé de signer des aveux, il ferait l’objet de conditions de détention discriminatoires.
Condamnés pour être intervenus sur des médias
Le 16 juillet 2012, trois activistes défenseurs des droits des paysans ont été condamnés à des peines allant jusqu’à cinq ans et demi de prison pour “propagande contre l’Etat”. Ils ont été arrêtés en juin 2011 après avoir notamment accusé le Parti communiste et les leaders du gouvernement vietnamien de violation des Droits de l’homme lors d’interviews accordées à des médias étrangers. Ils ont également été accusés d’avoir incité des paysans à participer à une série de manifestations dénonçant la politique de Pékin en mer de Chine méridionale.
Avec à l’esprit les mouvements de contestation qui traversent le monde arabe, ainsi que la récente ouverture en Birmanie, les autorités vietnamiennes, paranoïaques, ont accru la répression et le contrôle pour parer à toute déstabilisation du régime. Le Vietnam fait partie de la liste des “Ennemis d’Internet” établie par Reporters sans frontières. Au moins dix-huit net-citoyens sont actuellement emprisonnés pour s’être exprimés librement en ligne, ce qui fait du pays la 3e prison du monde pour les blogueurs et cyberdissidents, après la Chine et l’Iran.
Publié le
Updated on
20.01.2016