RSF s’insurge de l’arrestation d’une journaliste, seconde “otage” américaine de la Russie

Après son confrère Evan Gershkovich, en prison depuis près de sept mois, Alsu Kurmasheva a été placée en détention provisoire hier par la police de Kazan, ville tatare à l’est de Moscou. Reporters sans frontières (RSF) s’insurge contre l’arrestation de cette journaliste russo-américaine de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) et demande sa libération immédiate.

Accusée d’avoir omis de se déclarer “agent de l'étranger”, Alsu Kurmasheva risque cinq ans de prison. La journaliste, arrêtée ce mercredi 18 octobre à Kazan en Russie, travaille depuis Prague, en République tchèque, pour le service tatar-bachkir du média américain RFE/RL. En mai dernier, elle a dû se rendre en Russie pour une urgence familiale, selon un communiqué de son employeur. Ses deux passeports, russe et américain, lui ont été confisqués lorsqu’elle a voulu quitter le pays, le 2 juin. Elle avait également reçu une amende pour défaut de déclaration de son passeport américain, et attendait que les autorités lui rendent ses documents.

“Par cette nouvelle arrestation, la Russie monte d’un cran dans son chantage vis-à-vis des États-Unis, qui aident l’Ukraine à se défendre. Mais les journalistes ne doivent pas servir de monnaie d’échange dans la guerre menée par Moscou contre Kyiv. RSF s’insurge contre la détention d’Alsu Kurmasheva et demande sa libération immédiate et inconditionnelle, de même que celle d’Evan Gershkovich, arbitrairement détenu depuis près de sept mois.

Jeanne Cavelier
Responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF

La journaliste Alsu Kurmasheva couvre régulièrement des sujets liés aux minorités ethniques du Tatarstan et du Bachkortostan, dans la région Volga-Oural, peuplée notamment de turcophones musulmans. Son média a été l’un des premiers en Russie à se voir labelliser “agent étranger”, en 2017. Ce statut contraignant vise à stigmatiser et intimider la presse indépendante. La liste comporte aujourd’hui 244 noms de journalistes et entités médiatiques. Refusant de se soumettre à ce statut infamant, et dans l’impossibilité de continuer à travailler sur place à cause de la censure de guerre imposée par le Kremlin, les entités de RFE/RL ont dû fermer leurs bureaux en Russie en mars 2022, pour se replier à Prague et Riga.

Premier journaliste américain arrêté en Russie depuis la guerre froide, Evan Gershkovich était quant à lui correspondant pour le quotidien Wall Street Journal. Accusé d’espionnage sans aucune preuve publique, il risque jusqu’à 20 ans de prison. Il est maintenu en détention provisoire dans le cadre d’une procédure classée secrète et ses appels sont systématiquement rejetés.

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