Israël : un an après la mort de Shireen Abu Akleh, RSF déplore l’impunité scandaleuse qui persiste dans cette affaire

Le 11 mai 2022, la célèbre correspondante d’Al Jazeera en Palestine a été tuée par balle, en plein reportage. Un an plus tard, RSF dénonce l’absence de progrès dans cette affaire et le fait qu’aucun responsable n’a encore été traduit en justice.

Plusieurs événements honorent ces jours-ci la mémoire de la journaliste d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, tuée il y a un an alors qu’elle couvrait un raid de l’armée israélienne à Jénine en Cisjordanie, mais justice ne lui a toujours pas été rendue. Et ce en dépit de nombreux rapports d’experts pointant la responsabilité directe des soldats israéliens, et même de l’aveu de l'armée israélienne que les tirs provenaient "très probablement" d’un de leur soldat.

“Quand on veut, on peut. Alors que toutes les enquêtes montrent clairement la responsabilité de l'armée israélienne dans la mort de Shireen Abu Akleh, l’absence de volonté politique empêche encore de lui rendre justice. Ce modèle d'impunité scandaleuse de la part des forces israéliennes ne peut plus durer. RSF restera mobilisée jusqu’à ce que les responsables soient désignés et jugés.

Jonathan Dagher
Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF

Après les avertissements de l'ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid signalant, le 6 décembre 2022, que "personne n'interrogera les soldats des forces de défense israéliennes", les regards se sont tournés vers les États-Unis, Shireen Abu Akleh ayant également la citoyenneté américaine. Cependant, malgré les pressions exercées par des membres du Congrès et la famille de la journaliste, peu de progrès ont été enregistrés.

Selon des informations de la publication américaine Axios, un nouveau rapport sur la mort de la journaliste a été envoyé au département d'État par le coordinateur américain de la sécurité pour Israël et l'Autorité palestinienne, le 2 mai 2023. Si l'administration n'a pas encore rendu public le rapport, le département d'État a rappelé le lendemain, lors d’une conférence de presse que le tir qui avait tué Shireen Abu Akleh, "comme le montrent les conclusions des FDI (Forces de défenses israéliennes) et du coordinateur américain de la sécurité, n'était pas intentionnel". Une hypothèse réfutée par l’enquête indépendante menée par le groupe de recherche Forensic Architecture et le groupe palestinien de défense des droits de l'homme Al Haq en septembre 2022, qui concluent au “ciblage délibéré et répété de Shireen et de ses collègues par l'IOF (Israel Offensive forces)”.  Les résultats d'une enquête criminelle lancée par le Federal Bureau of Investigation (FBI) le 5 novembre 2022 n'ont pour leur part pas encore été rendus publics. 

Sur la base des conclusions de l'enquête de Forensic Architecture, la famille de la correspondante d’Al Jazeera, représentée par sa nièce, Lina Abu Akleh, a déposé une plainte contre les autorités israéliennes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) le 20 septembre 2022. Deux mois et demi plus tard, la chaîne qatarienne, avec le soutien de RSF, a présenté des preuves supplémentaires à la CPI. 

Depuis la mort de Shireen Abu Akleh, les autorités israéliennes continuent de cibler les aux reporters couvrant les interventions israéliennes dans les territoires palestiniens. Une enquête de RSF a révélé qu’au moins dix-sept journalistes avaient été directement visés par les forces israéliennes en Cisjordanie en l’espace d'une semaine en avril dernier. 



 

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