Centre RSF pour la liberté de la presse à Beyrouth : “Quand on est journaliste on doit pouvoir s’équiper”

Besoins d’équipements de protection physique pour les zones de guerre, d’accès stable à Internet et de soutien psychologique… La guerre à Gaza et ses répercussions dans l’ensemble de la région inquiètent les journalistes. Depuis le Centre pour la liberté de la presse ouvert par Reporters sans frontières (RSF) à Beyrouth, les reporters témoignent des risques sécuritaires accrus depuis le 7 octobre 2023.

"Les trois journalistes tués par des frappes israéliennes au Liban depuis le 7 octobre indiquent que la guerre à Gaza impacte toute la région. Il est clair qu'il existe un besoin crucial et urgent de soutenir les journalistes qui couvrent ce conflit dans toute la région. RSF continue de demander la protection des reporters et est à leurs côtés afin qu'ils puissent poursuivre leur mission d’information en sécurité. Le Centre pour la liberté de la presse a été ouvert par l’organisation, à Beyrouth, pour répondre aux besoins d’équipements et de soutien formulés par les reporters.

Jonathan Dagher
Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF

“Tout a changé depuis le 7 octobre”, témoigne le correspondant du quotidien français Libération Arthur Sarradin à RSF. “On a très vite compris qu’il y avait un danger”, raconte Nada Maucourant Atallah, reporter du quotidien en langue anglaise The National. Pour la communauté journalistique au Liban, l’impact de la guerre à Gaza est concret.

En couvrant les répercussions de la guerre à Gaza, trois journalistes ont été tués au Liban, où le sud du pays est le terrain de frappes régulières entre le Hezbollah et Israël. L’une d’elle a tué le journaliste de Reuters Issam Abdallah le 13 octobre, et une autre, un mois plus tard, deux journalistes de Al-Mayadeen, Farah Omar et Rabih Maamari. “Le message envoyé par l’armée israélienne, c’est qu’aucun journaliste de la zone n’est épargné”, constate Arthur Sarradin. Dès lors, et faute de matériel de protection suffisant, “beaucoup de journalistes s’interdisent aujourd’hui d’aller au sud du pays”. 

Le centre régional pour la liberté de la presse 

En plus d'apporter un soutien direct aux journalistes palestiniens travaillant sous les frappes aériennes dans la bande de Gaza, avec son partenaire local Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ), RSF a inauguré le 21 mars 2024 un centre régional pour la liberté de la presse à Beyrouth, avec son partenaire de longue date au Liban, la Fondation Samir Kassir. 

Grâce à ce centre, RSF ouvre un espace pour que les journalistes puissent se réunir et travailler, et leur fournit une série d'équipements de protection, tels que des casques et des gilets pare-balles, des trousses de premiers secours, un soutien psychologique, une assistance juridique et une formation en matière de sécurité numérique et physique. “Les gens me disent que le gilet n'a pas protégé Issam, mais je leur réponds que le gilet m'a protégée, qu'il a protégé mon collègue Elie Brakhya, qu'il a protégé notre collègue Dylan Collins”, a notamment témoigné Carmen Joukhadar, lors de l’ouverture du centre. Correspondante d'Al Jazeera, elle est l’une des six journalistes gravement blessés lors de la frappe du 13 octobre 2023 qui a coûté la vie à Issam Abdallah. 

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