Royaume-Uni : Julian Assange dangereusement proche de l’extradition à la suite du rejet de son appel par la Haute Cour

Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus vive inquiétude à la suite du rejet par la Haute Cour britannique de l’appel du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, contre l'ordre d’extradition vers les États-Unis. Cette décision le rapproche dangereusement d’un départ forcé vers un pays où il risque une peine de prison à vie pour avoir publié, en 2010, des documents classifiés.

Dans un document de trois pages publié le 6 juin dernier, un seul juge, Justice Swift, a rejeté les huit motifs de l’appel de Julian Assange contre l’ordre d’extradition signé, en juin 2022, par la ministre de l’Intérieur britannique de l’époque, Priti Patel. Il ne reste qu’un recours à l’échelle des tribunaux britanniques : la défense dispose de cinq jours ouvrés pour soumettre un appel de 20 pages maximum à un panel de deux juges, qui convoqueront une audience publique. Aucun autre appel ne sera possible au Royaume-Uni, toutefois Julian Assange pourrait intenter une action auprès de la Cour européenne des droits humains (CEDH).

“Il est absurde qu’un seul juge puisse rendre une décision en trois pages qui pourrait expédier Julian Assange en prison pour le reste de sa vie et affecter de manière permanente le climat du journalisme dans le monde entier. On n’insistera jamais assez sur la portée historique de ce qui va suivre ; il est temps de mettre un terme à cet acharnement contre Julian Assange. Il est temps d’agir pour protéger le journalisme et la liberté de la presse. Notre appel au président Biden est aujourd’hui plus urgent que jamais : Abandonnez les charges, clôturez le dossier contre Assange et autorisez sa libération dans les plus brefs délais.

Rebecca Vincent
Directrice des campagnes de RSF

Sur Twitter, Stella Assange, l’épouse de Julian, a déclaré : “Mardi 13 juin, mon mari, Julian Assange, déposera un nouveau recours en appel à la Haute Cour. L’affaire sera alors traitée en audience devant deux nouveaux juges, et nous restons optimistes quant à une issue favorable et à la décision que Julian ne sera pas extradé aux États-Unis, où il fait face à des accusations qui pourraient le mener à passer le reste de sa vie dans une prison de haute sécurité pour avoir publié des informations qui révélaient des crimes de guerre commis par  le gouvernement américain.” 

C’est la dernière étape de plus de trois ans de procédures judiciaires devant les tribunaux britanniques. Le gouvernement américain a demandé l’extradition de Julian Assange afin de le juger pour 18 chefs d’accusation en relation avec la publication par Wikileaks de centaines de milliers de documents classifiés, qui ont alimenté des informations d’intérêt public dans le monde entier. Bien que le tribunal de première instance se soit prononcé contre l’extradition pour des raisons de santé mentale, la Cour d’appel a annulé la décision en raison des assurances diplomatiques présentées par le gouvernement américain. Julian Assange serait le premier éditeur à être poursuivi en vertu de la loi sur l’espionnage (“Espionage Act”) qui ne prévoit pas de défense de l’intérêt public. Il risque une peine cumulée de 175 ans de prison.

RSF est la seule ONG à avoir assisté à la totalité des procédures d’extradition, et ce malgré d’importants obstacles. En avril 2023, le secrétaire général Christophe Deloire et la directrice des campagnes de RSF, Rebecca Vincent, ont été arbitrairement privés de visite à Julian Assange à la prison de Belmarsh, où il est détenu en attente de renvoi depuis plus de quatre ans. RSF continue de demander l’accès à la prison et poursuit une campagne mondiale pour la libération de Julian Assange. 

Le Royaume-Uni occupe la 26e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.

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