Algérie : les ex-collaborateurs de France 24 devant les juges

Initialement programmé au 1er mars 2023, le procès contre l’équipe algérienne de la chaîne d’information France 24 a finalement été renvoyé à ce mercredi 8 mars devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger. Une affaire qui illustre les entraves que rencontrent les médias étrangers et leurs correspondants dans le pays. 


Mise à jour du 22/03/2023 : RSF se réjouit de la relaxe, ce mercredi, du journaliste Moncef Aït-Kaci, du producteur Ramdane Rahmouni et des deux autres prévenus Youssef Hassani et Nazim Hached pour les deux chefs d’accusation relatifs aux articles 95 et 96 du Code pénal algérien (publication pouvant porter atteinte à l’intérêt national et financement étranger pour des intentions de propagande politique). En revanche, deux des ex-collaborateurs de France 24 ont été condamnés à des amendes pour avoir reçu des fonds de médias étrangers en vertu de l’article 117 du Code de l’information algérien. Des amendes d’un montant de 100 000 dinars (près de 700 euros) pour Moncef Aït-Kaci et de 1 000 000 dinars (environ 6 800 euros) pour Ramdane Rahmouni.




Le journaliste et ex-collaborateur de la chaîne France 24, Moncef Aït Kaci et trois autres personnes, dont le réalisateur Ramdane Rahmouni, sont accusés d’avoir reçu des financements de l’étranger en vertu des articles 95 et 96 du Code pénal algérien. Ils devront apporter la preuve qu’ils n’ont fait qu’agir en tant que représentants d’une chaîne d’information qui, 20 jours avant la mise en détention de l'équipe en 2020, avait réalisé une interview du président algérien, Abdelmadjid Tebboune. 

“Le cas de l’équipe qui a travaillé pour France 24 illustre les difficultés d’exercer le métier de journaliste en Algérie, et en particulier pour le compte de médias étrangers, estime le représentant de RSF en Afrique du Nord, Khaled Drareni. L’Algérie n’a rien à gagner à entraver le travail de la presse étrangère dans le pays comme c’est le cas depuis des années.”

Les problèmes de France 24 avec les autorités algériennes débutent en novembre 2019. Neuf mois après le début du hirak —  mouvement de contestation populaire en Algérie —, le correspondant de France 24, Moncef Aït Kaci, est convoqué par la gendarmerie et interrogé sur ses liens avec Ramdane Rahmouni, gérant de la société de production MSCom qui fournit les moyens techniques de la chaîne et dont les locaux avait été perquisitionnés quelques jours auparavant.

Trois mois plus tard, le journaliste découvre, à l'aéroport Houari-Boumédiène d’Alger, qu’il fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN), laquelle ne lui avait pas été signifiée par l’autorité judiciaire, comme le prévoit la loi. 

La situation s’aggrave l’année suivante : le 28 juillet 2020, Moncef Aït Kaci, Ramdane Rahmouni et Youssef Hassani, qui travaille aussi pour MSCom, sont placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger, Le quatrième prévenu, Nazim Hached, est placé sous contrôle judiciaire. Leur arrestation soulève un véritable tollé.  RSF réclame dans un communiqué de presse leur libération immédiate et inconditionnelle. Le lendemain, les membres de l'équipe bénéficient d'une mesure de liberté provisoire. 

Aujourd’hui, France 24 n’est plus accréditée et n’opère plus en Algérie ; sa dernière activité aura été la couverture des élections législatives du 12 juin 2021. L’exemple de la chaîne illustre le contexte précaire dans lequel travaillent aujourd’hui les médias étrangers en Algérie. Le processus d’attribution des accréditations et leur renouvellement est critiqué par les journalistes en raison de sa lenteur et des considérations politiques qui prévalent.

Le procès qui devait s’ouvrir initialement le 1er mars et qui a été reporté au mercredi 8 mars se déroule à un moment où les relations diplomatiques entre Alger et Paris sont particulièrement tendues.  

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