Birmanie : la reporter indépendante Ma Thuzar condamnée à deux ans de prison

De son vrai nom Ah Hla Lay Thuzar, la journaliste, basée à Rangoun, avait été arrêtée dès septembre 2021. Reporters sans frontières (RSF) appelle les instances onusiennes en charge du dossier birman à durcir leurs actions contre les responsables de la junte pour mettre fin à la normalisation de la terreur qu’ils ont imposée aux professionnels de l’information.

Elle a passé plus d’un an en détention provisoire avant que tombe le couperet. La journaliste indépendante Ah Hla Lay Thuzar connue jusque-là sous son pseudonyme Ma Thuzar a été condamnée ce matin, mardi 22 novembre, à deux ans de réclusion criminelle et de travaux forcés par le tribunal carcéral de la prison d’Insein, en banlieue de Rangoun, la principale ville du pays.

L’information, d’abord révélée sur certains réseaux sociaux en birman, a pu être vérifiée par RSF en milieu de journée. La journaliste, arrêtée le 1er septembre 2021, était poursuivie selon les termes de l’article 505(a) du Code pénal, qui punit, notamment, l’incitation à “la haine contre l’armée”.

“La condamnation, parfaitement arbitraire, de Ma Thuzar est un nouveau signe de la normalisation de la terreur contre les journalistes qu'est parvenue à imposer la junte au pouvoir à Naypyidaw, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous appelons le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, Tom Andrews, à agir pour durcir les sanctions internationales qui visent les généraux birmans et les empêcher, une bonne fois pour toute, de considérer les journalistes comme de simples variables d’ajustement de leur despotisme absolu.”

Menace d’arrestation permanente

Le 16 novembre, le conseil de l’administration d’État, le nom officiel du gouvernement militaire, a annoncé la grâce de plusieurs milliers de prisonniers, dont cinq journalistes birmans - Mya Wun Yan (également connu sous le nom de Hla Yin Win), La Pyae, Than Htike Aung, San Myint et Ye Yint Tun - ainsi qu’un documentariste japonais, Toru Kubota. Ce dernier a été expulsé dans la foulée, et tous restent condamnés sur le fond, de sorte qu’ils risquent d’être à nouveau jetés en prison pour toute sorte de prétexte fallacieux invoqué par les militaires.

Cette grâce apparaît comme une goutte d’eau dans un océan de détentions, puisque, selon le baromètre de RSF, 61 journalistes sont toujours emprisonnés dans les geôles birmanes. Deuxième plus grande prison du monde derrière la Chine, la Birmanie est, en chiffres relatifs, le pays qui emprisonne le plus ses journalistes par rapport à sa population.

Il se situe à la 176e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi début 2022 par RSF.

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