Trois ans de prison ferme contre le journaliste birman Sithu Aung Myint

Reporter et commentateur pour la presse birmane et internationale, il vient d’être condamné après avoir passé 14 mois en détention provisoire. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération inconditionnelle, et demande que de lourdes sanctions internationales soient mises en place pour empêcher la junte de poursuivre son cycle infernal de répression.

C’est à un rythme industriel que se succèdent désormais les condamnations de journalistes. Dernière victime de la machine répressive birmane, le journaliste Sithu Aung Myint a été condamné le 7 octobre à trois ans de prison par un tribunal militaire spécial.

La sentence a été prononcée derrière les murs de la prison d’Insein, à Rangoun, où il est détenu depuis son arrestation le 15 août 2021. RSF avait alors décrit comment l’armée a organisé une véritable chasse à l’homme pour le débusquer.

“Les condamnations de journalistes à de lourdes peines de prison en Birmanie tombent à un rythme tel qu’il donne la nausée, regrette le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Le monde ne peut pas regarder la Birmanie s’enfoncer ainsi dans la terreur sans rien faire. Nous appelons le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Tom Andrews, à agir pour durcir les sanctions internationales qui visent les généraux birmans.”

Sithu Aung Myint a une longue carrière de journaliste derrière lui. Il avait notamment travaillé comme reporter pour le magazine birman Frontier Myanmar et comme commentateur politique pour la radio états-unienne Voice Of America (VOA). Les deux organes de presse ont été interdits après le coup d’Etat militaire du 1er février 2021, ce qui avait forcé le journaliste à entrer en clandestinité. 

Deuxième prison de journalistes

Il est aujourd’hui puni pour avoir prétendument “incité des fonctionnaires du gouvernement à commettre des crimes”, selon les termes de l'article 505 (a) du code pénal, un texte aux contours extrêmement flous que la junte utilise comme prétexte pour condamner les journalistes à la chaîne.

Deux jours avant cette condamnation, le documentariste japonais Toru Kubota a écopé de dix ans de réclusion criminelle. Il y a moins de deux semaines, la journaliste indépendante Htet Htet Khine, qui avait été arrêtée en même temps que Sithu Aung Myint, a été condamnée à trois ans de prison et de travaux forcés.

Selon le baromètre de RSF, Sithu Aung Myint est le 29ème journaliste à être condamné depuis le coup d’Etat du 1er février 2021. Avec au moins 68 professionnels des médias derrière les barreaux, la Birmanie est la deuxième plus grande prison pour les journalistes dans le monde, derrière la Chine. En nombres relatifs, par rapport à la population générale, le pays est largement en tête de ce funeste palmarès.

La Birmanie occupe la 176e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

 

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