Turquie : le journaliste Tolga Sardan arrêté pour sa couverture d’affaires de corruption judiciaire

Le journaliste Tolga Sardan arrêté pour sa couverture d’affaires de corruption judiciaire

Le journaliste d’investigation aguerri Tolga Sardan a été arrêté pour avoir évoqué dans un article des affaires de corruption judiciaire pointées par le procureur général d’Istanbul. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate et la fin de l’instrumentalisation de la législation sur la “désinformation” pour réduire au silence les journalistes.

L’éditorialiste et journaliste d’investigation du site d’information indépendant T24, Tolga Sardan, a été incarcéré ce mercredi 1er novembre, à Ankara, la capitale turque, à la suite de la publication, le 31 octobre, de son article intitulé “Que contient le ‘rapport judiciaire’ soumis par l'Agence nationale de renseignement (MİT) à la présidence ?”. 

Le journaliste d’investigation, qui exerce depuis 35 ans, est accusé de “divulgation d’informations trompeuses” pour avoir évoqué, dans son article, un rapport sur la corruption dans le système judiciaire qui aurait été commandé au service de renseignement turc (MİT) par le bureau du président Recep Tayyip Erdogan. Suite à la parution de l’article, le Centre de lutte contre la désinformation, liée à la direction des communications de la Présidence, a réfuté dans un tweet l'existence d’un tel rapport du MİT.  

Le journaliste a d'abord été interpellé le 1er novembre puis présenté à un juge des libertés qui a décidé de l’incarcérer. Ses avocats feront appel de la mesure d'incarcération dans l’attente de son procès. Il risque jusqu’à trois ans de prison en vertu de l'article 217/A, introduit dans le Code pénal turc (TCK, Loi n° 5237) en octobre 2022. RSF a établi un bilan accablant de cette législation qui vise particulièrement les journalistes d’investigation. Saisie par le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), la Cour constitutionnelle turque examinera le 8 novembre, la constitutionnalité de cet article. 

“RSF demande la libération immédiate du journaliste d’investigation que les autorités tentent de faire taire, sous couvert de la législation sur la ‘désinformation’. Une législation supplémentaire dans l’impressionnant arsenal répressif turc qui ne cesse d’être utilisée, depuis sa promulgation il y a un an, pour harceler les journalistes locaux et qui doit être abrogée de toute urgence.”

Erol Onderoglu, Représentant spécial de RSF en Turquie

L’article de Tolga Sardan fait suite à l'article du journaliste Timur Soykan publié le 13 octobre dernier dans le quotidien BirGun (Jour). Celui-ci dévoilait l’existence d’une requête d’enquête adressée par le procureur général d’Istanbul au Conseil supérieur de la magistrature (HSK) contenant de sérieuses allégations de corruption au sein de la justice. C’est le point de départ d’une série d’articles d’intérêt général sur ces allégations signés par plusieurs journalistes, dont Gokcer Tahincioglu et Tolga Sardan. Or, depuis mi-octobre, des juges d’Istanbul ont décidé de rendre inaccessibles des centaines de liens d’articles sur cette affaire. 

 

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