Democratic leaders give historic commitment based on Declaration on Information and Democracy
In a historic step in the context of the Paris Peace Forum today, 12 countries launched a political process aimed at providing democratic guarantees for news and information and freedom of opinion – a process based on the declaration issued last week by an independent commission that was created at the initiative of Reporters Without Borders (RSF)
C’est à l’évidence une démarche historique en faveur de garanties démocratiques sur l’information et la liberté d’opinion. Depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, jamais des chefs d’État de pays démocratiques ne s’étaient mobilisés sur une position aussi forte en faveur de la liberté, de l’indépendance, du pluralisme et de la fiabilité de l’information, sur la base d'une déclaration édictée par une commission indépendante. Le 11 novembre, à l'occasion du Forum de Paris sur la paix, 12 chefs d’État et de gouvernement (Burkina Faso, Canada, Costa Rica, Danemark, France, Lettonie, Liban, Lituanie, Norvège, Sénégal, Suisse, Tunisie) ont répondu à l’appel lancé par la Commission sur l’information et la démocratie, présidée par Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), et Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix.
Pour cette initiative, six chefs d’État et de gouvernement étaient réunis pendant une heure, de 17h à 18h, dans la salle de presse du Forum de Paris à la Grande Halle de la Villette. Dans son allocution de présentation de la Déclaration avec Shirin Ebadi, Christophe Deloire a déclaré : “Reporters sans frontières a initié cette Commission sur l’information et la démocratie au moment même où la démocratie connaît une crise profonde qui est aussi une crise systémique de l’espace public : (...) rumeurs, désinformation érigée en modèle, affaiblissement du journalisme de qualité, violence parfois extrême contre les reporters… Au-delà de ces phénomènes, a expliqué le co-président de la Commission, il est de notre responsabilité de considérer les causes structurelles et de prendre les mesures appropriées (...) car les démocraties, ouvertes, subissent de plein fouet ces bouleversements, tandis que les régimes despotiques en tirent profit."
Le président de la République française Emmanuel Macron, qui avait reçu la Commission à l’Élysée le 11 septembre, à l’occasion de sa première réunion à Paris, a déclaré : “Nous sommes aujourd’hui à un tournant majeur 70 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la liberté d’opinion et d’expression qui est au fondement de nos démocraties et dont nous pensions les progrès irréversibles, se trouve à nouveau menacée et contestée. Avant d’ajouter : Je soutiens votre initiative, je suis favorable en nous inspirant de la déclaration présentée aujourd’hui à ce que nous nous mettions d’accord sur un ensemble d’engagements et à ce que nous nous efforcions de rallier à ces engagements le maximum d’États. Je suis favorable à ce que nous mettions en place un groupement international d’experts sur ce sujet, parce qu’il n’y a pas de bonheur sans liberté et de liberté sans courage. Vous avez décidé de prendre vos responsabilités, je pense que nous devons en tant que chefs d’État et de gouvernement les prendre aussi, et donc je veux ici dire la mobilisation complète de la France dans ce soutien et remercier mes amis chefs d’État et de gouvernement ici présents qui je le sais partagent cela.”
Puis, sur scène, ont tour à tour pris la parole les présidents Carlos Alvarado (Costa Rica), Beji Caïd Essebsi (Tunisie), Macky Sall (Sénégal), et les Premiers ministres Justin Trudeau (Canada) et Erna Solberg (Norvège). Cette dernière a rappelé l’attachement de son pays à tout appel en faveur de la paix mondiale, des droits de l’homme et du développement durable. “Sans la liberté d’expression et une vraie communication et un vrai espace pour cela, l’État de droit est menacé, les institutions qui les protègent seront sapées", a-t-elle expliqué.
Saluant le travail de Reporters sans frontières (RSF) pour la défense des journalistes et de la liberté de la presse, le président du Sénégal, Macky Sall, a indiqué qu’“en Afrique, il y a une volonté de plus en plus affirmée d’assurer la protection des journalistes et de créer les conditions d’un exercice digne de ce processus". Le président sénégalais a déclaré “s’engager pleinement à accompagner le Pacte pour l’information et la démocratie". Tout comme le président tunisien, Beji Caïd Essebsi qui a soutenu pleinement lors de son discours le processus politique sur l’information et la démocratie. “Nous sommes venus ici pour vous dire : oui, nous sommes pour cette initiative et justement l’avenir nous apportera la preuve.”
De son côté, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau a rappelé la responsabilité des dirigeants de démocraties libres “de soutenir le besoin d’avoir des médias forts et indépendants en qui nos concitoyens ont confiance". "Le Canada, a-t-il affirmé, s’engage à défendre la presse libre auprès de la Commission initiée par Reporters sans frontières."
Le président du Costa Rica a également rappelé l’importance de maintenir “un espace public pluraliste et libre, et de préserver l’accès à information". “Le pluralisme et la liberté d’opinion doivent être garantis. L’accès à des données factuelles, l’accès à la connaissance notamment en ce qui concerne les événements actuels relèvent d’un droit fondamental,” a ajouté le chef d’État.
La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, et le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, ont également affiché leur soutien à la tribune. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres (ONU), avait d’ailleurs enregistré un message vidéo quelques jours plus tôt dans lequel il assurait : “Je salue l’initiative que vous avez prise de créer la Commission sur l’information et la démocratie. Elle intervient à un moment critique, où les nouveaux moyens de communication et de diffusion de l’information sont en train de transformer notre monde. Il est plus important que jamais d’avoir accès à des informations pertinentes et fiables. Or cette liberté est de plus en plus menacée (...). Aujourd’hui plus que jamais, nous devons réaffirmer l’importance du débat public, et rappeler qu’il doit se dérouler dans la rigueur et le respect, reposer sur des informations exactes et être ouvert à des voix plurielles. Je vous remercie de contribuer à ouvrir le chemin.”
Les États, contactés par Reporters sans frontières à raison de leur respect des standards démocratiques, de leur place au Classement mondial de la liberté de la presse et des qualités personnelles de leurs dirigeants, se sont engagés à défendre des garanties démocratiques dans l’espace global de l’information et de la communication en prenant pour référence la Déclaration internationale sur l’information et la démocratie publiée lundi 5 novembre. Après avoir salué “le travail de la Commission internationale indépendante sur l’information et la démocratie initiée par Reporters sans frontières (RSF)”, les chefs d’État et de gouvernement ont annoncé avoir “décidé de lancer, en s’inspirant des principes énoncés par cette déclaration, une initiative pour l’information et la démocratie”. À travers cette initiative, ils réitèrent leur engagement en faveur de la liberté d’opinion et d’expression. Les chefs d’État et de gouvernement annoncent qu’ils “définiront les objectifs à suivre pour en garantir l’exercice dans le contexte technologique et politique du 21e siècle”.
“Nous remercions les chefs d’État et de gouvernement d’avoir entendu notre appel", a déclaré Christophe Deloire, co-président de la Commission sur l’information et la démocratie, avant d’ajouter qu’il est nécessaire de créer “un groupe international d’experts pour l’information et la démocratie, à l’instar de ce qu’est le GIEC pour le réchauffement climatique. La comparaison avec le processus sur le climat ne relève pas du hasard, car comme pour le climat, il y a pour l’information et la démocratie un risque de spirale et d’emballement. L’écosystème de l’information est lui aussi déréglé. Le point de rupture est proche”, a conclu Christophe Deloire.
Présents à l’évènement, cinq membres de la Commission ont tour à tour pris la parole afin de rappeler que le journalisme, sous le feu de nombreuses menaces, est plus que jamais essentiel pour protéger la démocratie. “Il faut une information qui soit fiable, qui ne soit pas corrompue et aujourd’hui l’un des fléaux auquel on fait face ce sont les nouvelles corrompues comme la commission l’a souligné,” a déclaré l’économiste indien Amartya Sen.
La Commission est composée de 25 personnalités de 18 nationalités : les lauréats du Nobel Amartya Sen, Joseph Stiglitz et Mario Vargas Llosa, la lauréate du prix Sakharov Hauwa Ibrahim, et également, par ordre alphabétique, des spécialistes des nouvelles technologies, d’anciens dirigeants d’organisations internationales, des juristes et des journalistes, à savoir Emily Bell, Yochai Benkler, Teng Biao, Nighat Dad, Can Dündar, Primavera de Filippi, Mireille Delmas-Marty, Abdou Diouf, Francis Fukuyama, Ulrik Haagerup, Ann Marie Lipinski, Adam Michnik, Eli Pariser, Antoine Petit, Navi Pillay, Maria Ressa, Marina Walker, Aidan White et Mikhail Zygar.