Le procès de Michel Kilo suspendu pendant l'examen des recours de la défense

Le procès du journaliste Michel Kilo a été suspendu le 31 octobre 2006 à l'issue de la première audience. La décision a été prise par la Cour criminelle de Damas pour permettre l'examen par la Cour de cassation de différents recours introduits par les avocats de la défense. De nombreuses charges pèsent sur Michel Kilo, inculpé notamment de “dissensions confessionnelles et raciales” et “d'insultes à l'encontre d'institutions et de personnalités officielles”. Il risque la prison à vie. -------------------------------------------------------------------------- 30.10.2006 Michel Kilo et Anouar Bounni en grève de la faim Reporters sans frontières est très préoccupée au sujet de Michel Kilo, qui a entamé une grève de la faim avec d'autres prisonniers politiques signataires de la déclaration “Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth”. Le journaliste et écrivain Michel Kilo et l'avocat Anouar Bounni ont entamé le 28 octobre 2006 une grève de la faim pour une semaine. D'autres prisonniers politiques les ont rejoints dans cette action. Ils protestent ainsi contre leurs conditions de détention et le fait que Michel Kilo aurait dû être libéré sous caution le 19 octobre 2006. Selon l'avocat de Michel Kilo, joint par Reporters sans frontières, son procès devrait débuter le 31 octobre 2006 devant le tribunal pénal de Damas. -------------------------------------------------------------------------- 23.10.2006 L'affaire Michel Kilo révèle les manigances d'une justice d'Etat Reporters sans frontières s'insurge contre les manoeuvres frauduleuses de la justice syrienne qui n'hésite pas à émettre un ordre de libération en introduisant de nouvelles charges contre le journaliste et écrivain Michel Kilo. "Les autorités judiciaires ont introduit de nouvelles charges fallacieuses contre Michel Kilo alors qu'il risquait déjà la prison à vie. Cette surenchère du tribunal pénal de Damas vise à garder à tout prix le journaliste en prison alors qu'un juge a ordonné sa libération", a déclaré l'organisation. "En Syrie, le procureur général défend les intérêts du régime au détriment de la loi alors que l'intrusion de l'appareil sécuritaire dans les décisions judiciaires fait partie intégrante du modus operandi du système baasiste. Cette mascarade de justice a assez duré. Nous demandons la libération du journaliste et l'abandon de toutes les charges retenues contre lui", a ajouté Reporters sans frontières. Alors que sa libération avait été annoncée par les autorités le 19 octobre 2006 et que la caution avait été payée, Michel Kilo est toujours en prison. Le procureur général a retenu l'ordre de mise en liberté assez longtemps pour qu'un juge d'instruction inculpe le journaliste de nouveaux chefs d'accusation. Le 19 octobre dernier, la juge Halima Haitar avait pris la décision de libérer Michel Kilo après le versement d'une caution de 1000 livres syriennes (soit l'équivalent de 16 euros). Selon le code pénal syrien, cette décision, comportant également la signature du juge de renvoi, est irrévocable à moins que le prévenu ne soit inculpé pour un nouveau délit. Mais le lundi 23 octobre, Michel Kilo a été accusé de "provocation de la rébellion civile" et "d'atteinte grave à la dignité de l'Etat, exposant le pays à la menace d'actes agressifs". Le journaliste est de ce fait maintenu en détention préventive. Collaborateur de plusieurs journaux arabophones, Michel Kilo est connu pour ses prises de position en faveur des réformes démocratiques dans son pays. Le journaliste est également directeur de "Hourriyat", un centre de défense de la presse et de la liberté d'expression, créé à Damas, en 2005. Il avait été arrêté le 14 mai 2006 après avoir signé la déclaration "Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth", un communiqué d'intellectuels syriens et libanais qui prône une réforme des relations entre les deux pays. Il avait alors été accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales", de publier des "informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l'Etat" et de “diffamation à l'encontre du chef de l'Etat et des tribunaux”.
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Updated on 20.01.2016