Inauguration de la “Maison de la libre créativité” à Achkhabad : Reporters sans frontières dénonce une provocation scandaleuse

La "Maison de la libre créativité" a été inaugurée le 17 octobre 2006 à Achkhabad par Separmourad Niazov. Selon les mots du président, l'édifice est dédié à la presse libre. Reporters sans frontières est scandalisée et dénonce une provocation scandaleuse. Le Turkménistan est l'un des pires pays au monde en matière de liberté de la presse.

читать на русском Le président Separmourad Niazov a inauguré mardi 17 octobre 2006 à Achkhabad la “Maison de la libre créativité”, dédiée à la presse libre. L'immeuble de dix étages, en forme de livre, brille dans la nuit. Le bâtiment peut accueillir dans un espace climatisé jusqu'à deux cents journalistes auxquels il fournira ordinateurs et accès à internet. Le groupe Bouygues a participé à la réalisation de ce bâtiment, pour un montant de 17 millions de dollars. “L'inauguration de cet établissement et l'accent mis sur la modernité et le confort de ses installations par le président Niazov constituent une provocation grossière et scandaleuse. Il n'existe plus de presse libre au Turkménistan où seuls les médias officiels ont droit de cité. Il y a seulement un mois, la correspondante de Radio Free Europe/Radio Liberty, Ogoulsapar Mouradova, mourait sous la torture dans une prison de haute sécurité prévue pour ceux que les autorités considèrent comme leurs ennemis”, a déclaré Reporters sans frontières. Elle avait été condamnée avec Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khajiev, journalistes et militants des droits de l'homme, à six ans d'emprisonnement. Leur seul crime était d'avoir apporté leur soutien à la réalisation d'un reportage sur le Turkménistan diffusé dans l'émission “Envoyé Spécial” de France 2. “Depuis, nous sommes sans nouvelles de ces militants, et nous craignons pour leur vie. Quant aux membres de leurs familles, ils ont perdu leur emploi, sont placés au secret et craignent d'être déportés à l'intérieur du pays dans un lieu isolé. C'est le traitement que Separmourad Niazov réserve à la presse libre. Nous sommes scandalisés par cette tentative de se poser en défenseur de la presse. Separmourad Niazov est l'un des pires “prédateurs de la liberté de la presse” dans le monde. Aucune construction, aussi impressionnante et coûteuse qu'elle soit, n'y changera rien“, a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse. Le président turkmène a récemment annoncé que plus de dix mille prisonniers bénéficieraient d'une amnistie à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance du Turkménistan. “Nous demandons instamment aux autorités turkmènes de libérer les journalistes et militants des droits de l'homme emprisonnés dans le pays”, a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016